Pour Thibault Biscarrat, la poésie ne peut pas rester de circonstance. Elle doit écarter toute idée de limitation, absorber la réalité — dans laquelle il n’est rien de trivial et de démoniaque — et ne reposer que sur elle-même. Bref, réaliser la poésie c’est la rendre absolue à travers le chant et une sorcellerie évocatoire.
La poétique rapproche ici le lyrisme et la philosophie en un texte qui constitue la carte d’un univers mental en effervescence, traversé de fulgurantes intuitions. En romantisant le monde, Thibault Biscarrat veut retrouver son sens originel par la consistance physique de son “cantos”. Il ne s’agit pas de l’altérer par un ravalement pernicieux mais et au besoin de conserver les traces du passage du temps.
La patine elle aussi peut devenir un laisser entendre en l’acte de restitution d’une parole première.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière, l’odeur du café.
Que sont devenus vos rêves d’enfants ?
L’encre qui se déroule sur le papier.
A quoi avez-vous renoncé ?
A tout, à rien.
D’où venez-vous ?
Je suis né dans le Gers, à Auch.
Qu’avez-vous reçu en « héritage » ?
Le goût pour les arts, la musique.
Un petit-plaisir-quotidien ou non ?
Le premier café, au matin.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Tout écrivain est une singularité.
Comment définiriez-vous votre lyrisme ?
Tel un souffle continu.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Probablement le visage de ma mère.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Musique traditionnelle arabe, Mozart, Bach, Haydn…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Les Illuminations” d’Arthur Rimbaud.
Quel film vous fait pleurer ?
De mémoire, aucun.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Celui qui doit écrire.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon premier amour.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Venise.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Lautréamont, Adonis, Arthur Rimbaud, Dante, Sollers.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un carnet ou un livre.
Que défendez-vous ?
La poésie.
Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
C’est quelque chose que j’ai vécu il y a longtemps.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
La question était : « Aimez-vous écrire ? ».
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Pourriez-vous vivre sans écrire ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 7 octobre 2021.