Dans les labyrinthes de Lény Stora — entretien avec la photographe

Lœuvre de Lény Stora devient la didas­ca­lie de cer­tains silences : ceux des murs (des pri­sons), ceux de l’amour.. Sous des nar­ra­tions par­fois expres­sion­nistes par­fois impres­sion­nistes des pay­sages par­ti­cu­liers se découpent entre par­ti­cu­la­rismes et muta­tions.
La pho­to­graphe ne cherche jamais l’esbroufe et elle per­met la chose la plus rare et la plus mys­té­rieuse qui soit : l’émotion.

Les prises ramènent aux ombres et rayonnent dans le hors-champs.
Et cela est astu­cieux afin de sou­li­gner la défec­tion et le manque, l’émergence et l’engloutissement.

Voir le site de la photographe.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le bon­heur de com­men­cer ma journée.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
J’ai la chance d’en avoir réa­lisé beau­coup, dont celui d’être photographe.

A quoi avez-vous renoncé ?
A 6 ans, j’ai com­pris que je ne serai jamais Josh Ran­dall dans Au nom de la loi. Je ne m’en suis pas vrai­ment remise…

D’où venez-vous ?
Mon par­cours a tou­jours été un peu à contre­sens de celui des autres. Alors que les gens quittent la ville pour aller à la cam­pagne, je viens de faire le che­min inverse. Après 3 décen­nies en Ardèche, je suis ravie de ma vie parisienne.

Qu’avez-vous reçu en “héri­tage” ?
Sans être à pro­pre­ment par­ler en réac­tion contre ma famille, j’ai très tôt affirmé des valeurs et des choix dif­fé­rents qui me fai­saient sen­tir sin­gu­lière. Je crois que je le suis encore.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Rayer une à une les lignes de mes To-do-listes !
J’ai com­mencé par la pho­to­gra­phie de presse puis j’ai bifur­qué dans l’audiovisuel. Mes sujets actuels sont impré­gnés de cette culture. Je les pré­pare, les écris, les scé­na­rise et les pho­to­gra­phie comme je le ferais pour un film docu­men­taire ou une fiction.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Un tirage NB colo­risé à la main par ma grande tante dont le mari était pho­to­graphe. De ce choc est né mon désir de l’être aussi. La cou­leur en photo m’intrigue tou­jours autant. Je l’explore à ma façon.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Riqui­qui et Rou­dou­dou, mon pre­mier heb­do­ma­daire, vers 3–4 ans.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Pour tra­vailler j’ai besoin du silence com­plet. J’écoute de la musique sur­tout en voyage (clas­sique et chants du monde). J’aime aller au concert, seule façon pour moi d’appréhender la musique contemporaine.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je reli­rai plus tard. Tant de livres m’attendent encore.

Quel film vous fait pleu­rer ?
La liste serait longue. Chose étrange, je ne suis émo­tive qu’au cinéma. D’ailleurs sou­vent devant de mau­vais films.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Pour l’instant c’est encore moi.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A per­sonne. Pour pré­pa­rer mes sujets, j’ai besoin de contacts et heu­reu­se­ment je ne suis pas timide.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Mon­tana (et l’Oregon) pour la conquête de l’ouest.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Je n’ose me sen­tir proches de tous ceux que j’admire et qui me vivi­fient. Mais toutes dis­ci­plines et époques confon­dues, je suis atti­rée par les auda­cieux, les indomp­tables, les avant-gardistes et les humanistes.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Mon mari vient juste de me poser la question.

Que défendez-vous ?
L’honnêteté intellectuelle.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
Pour­quoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
J’adore Woody Allen. Je crois fer­me­ment que dans la vie, il faut tou­jours dire OUI sauf quand il est néces­saire de dire NON.

Et si le cœur vous en dit celle de Via­latte : “L’homme n’est que pous­sière c’est dire l’importance du plu­meau” ?
Cela remet l’égo à sa place. Juste à côté de l’horloge.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Êtes-vous vaccinée ?

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 8 août 2021.

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