Recouvrer le monde est l’inverse de le recouvrir.
On ne s’en aperçoit pas toujours car trop de poètes jouent les rossignols ou les oiseaux-lyres, en chanteurs écervelés, distraits plus que penseurs imaginatifs.
Hervé Martin choisit le chemin inverse. Dans ses textes, l’émotion et le langage sont en jeu. Ce qui compte pour lui est de choisir le mot juste et la bonne rythmique dans “une joie qui éclaire” et non parfois sans humour là où l’auteur se fait Pic épeiche au milieu des marais qui deviennent ceux de songes.
Brefs, ils n’ont plus rien de vains.
Sa poésie, Hervé Martin, la découvre en avançant. Et il existe en elle du Reverdy.
Comme lui, il se moque des chiens noirs du concept et son oeuvre progresse à bas bruit dans la solitude.
Par ses formes changeantes et son culte de la précision, l’auteur nous éloigne de la poésie commune en lui restituant son pouvoir insaisissable et fragile.
Loin de stratagèmes indignes, il prouve qu’il est capable de s’extasier devant et entre autres une nature qu’il ne s’agit surtout pas de sacrifier.
jean-paul gavard-perret
Hervé Martin, Recouvrer le monde suivi de Zone naturelle, éditions Unicité, Saint Chéron, 2021, 76 p. — 13,00 €.