Le corps féminin est au centre de l’oeuvre de Vicky Martin. Comme axe et parfois en un firmament hollywoodien. Néanmoins, ses femmes sont comme les livres dont l’artiste crée les visuels : ni les uns ni les autres ne doivent être jugées sur leur “couverture”.
Photographe conceptuelle, la créatrice explore les stéréotypes et remet ironiquement en cause ce qu’une femme doit offrir pour être en conformité avec les attendus, aussi bien dans le domaine du rêve collectif que du réel.
Vicky Martin joue ainsi du montré/caché dans ses portraits dont le visage échappe le plus possible à la prise. Existent d’étranges narrations de leurres des leurres et ce, de manière certes dérisoire mais belle.
Inspirée au départ par les “femmes saccharines” des magazines US des années 50, la créatrice montre ce que c’est qu’être une femme dans des mises en scène ironiques et profondes des apparats et des apparences, comme à l’inverse d’une claustrophobie contondante.
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Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie et le défi de créer sont ma force motrice.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’ai mis du temps à me découvrir artistiquement, mais c’est toujours ce que j’ai voulu faire, être créative.
A quoi avez-vous renoncé ?
La banalité.
D’où venez-vous ?
D’un village du Staffordshire en Angleterre.
Qu’avez-vous reçu en “dot” ?
J’ai hérité d’un don pour la créativité de mon grand-père, il était peintre et menuisier.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
J’aime lire des romans dès que j’en ai le temps.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres photographes ?
J’ai développé mon propre style et mon propre regard de manière tout à fait involontaire mais qui caractérise toutes mes séries récentes.
Comment définiriez vous votre approche de la femme fétiche ?
En tant que thème visuel et narratif, le rôle de la femme dans la société est sans cesse stimulant, fascinant, provocant et puissant.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
“Mainbocher Corset 1939” par Horst P. Horst.
Et votre première lecture ?
Naturellement – “Les aventures d’Alice au pays des merveilles”, de Lewis Carroll.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Depeche Mode.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Toujours — “Les Aventures d’Alice au pays des merveilles” de Lewis Carroll.
Quel film vous fait pleurer ?
“The way we were”, réalisé par Sydney Pollack.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une vie vécue qui se reflète en moi.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Les plus grands musées d’art et de photographie.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Los Angeles en Amérique. J’aime le mythe de l’âge d’Or d’Hollywood.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Je me sens plus proche de tout artiste ou écrivain dont l’œuvre résonne en moi.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Du temps et de la considération de la part de mes proches.
Que défendez-vous ?
Mon travail, la décence et les bonnes manières.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je pense qu’elle m’inspire l’espoir et la foi, car en tant qu’artiste je crée souvent des œuvres dans l’espoir qu’elles soient vues et appréciées.
Que pensez-vous de celle de Vialatte “L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau” ?
Pour moi, cela signifie que la vie est courte, qu’il faut profiter de son temps et essayer de faire la différence.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Quel est votre film préféré ? Le film classique d’Alfred Hitchcock “North by Northwest”.
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 28 mars 2021.