Une épiphanie évoque le chemin des corps amoureux. Surgissent leurs joies, leurs souvenirs, leurs flottements, jusqu’à la voix qui naît d’eux.
Elle devient une langue. Celle d’un poète encore inconnu — du moins pour l’auteur de ces lignes.
La troisième et dernière partie de ce recueil change de registre au moment où s’impose la douleur par l’absence de l’aimée.
Néanmoins, le poète opte pour une certaine solarité dans un travail de discrétion et de presque murmure ému là où l’espace intime fait écho au réel épars, pillé.
D’où cet équilibre entre l’abstrait et le concret, le dehors et le dedans, en vers libres et harmonieux d’où remontent les traces vives du passé.
Il y a là un arrêt sur magie qui semble guider vers la fin de la souffrance là où Bardini cisèle des flots d’ordre au sein même du désordre affectif lorsqu’il déraille.
Parfois, la voix prise de son propre vertige s’élance sans égard au diable des détails pour traduire le dicible dont le silence est une interprétation.
Il s’agit de l’écrire pour accompagner sa perte ou son fantasme.
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jean-paul gavard-perret
Alexis Bardini, Une épiphanie, Gallimard, collection Blanche, Paris, mars 2021, 104 p. — 12,00 €.