Labyrinthe de provocations décalées
Les 76 récits en vers de ce recueil sont inspirés d’un des titres « Que sais-je ? », de la bibliothèque de l’auteure. Elle les collectionne depuis toujours.
Des titres tels que “Le tonus mental”, “La douleur”, “La vie en haute altitude”, etc. servent donc de point de départ à chacune des “élucubrations” ou plutôt des digressions intempestives de l’auteure.
La thématique est à la fois reprise et détournée en un récit versifié où la personnalité de l’auteure et le monde deviennent le tressage qui mêle savoir encyclopédie synthétique et autoportrait. Dès lors, la manière de s’introduire dans un sujet demeure autant un moyen d’en sortir.
Le tout avec humour et élégance qui sont les marques de “fabrique” de Pascale Bouhénic.
Existe une suite de regards coupables en digressions farcesque et intelligente là où chaque “objet” devient opaque comme le marbre, translucide comme l’ambre: il est à la fois une fenêtre et un mur.
Se succèdent une série de croquis insolites en un imaginaire plus ou moins initiatique et plein d’ironie.
D’où une sorte d’extase aussi matérielle qu’intellectuelle et sulfureuse qui se répand. Le tout — eu égard à chaque sujet — en un vertige simplifié mais efficace. L’émotion est modulée par l’humour et l’abrasion des spéculations superfétatoires.
D’où ce labyrinthe de provocations décalées, séduisantes mais non racoleuses.
Pascale Bouhénic femme n’est plus à la traîne d’une queue de comète du savoir, elle s’étoile en un acte poétique.
jean-paul gavard-perret
Pascale Bouhénic, 76 façons d’entrer, Gallimard, coll. L’arbalète/Gallimard, mars 2021, 224 p.