L’unité de la communauté et de l’être
Adepte de Platon, Thomas Lavorel prouve comment la Caverne s’est dévoilée. Mais pas n’importe comment. Car s’est produit à l’épreuve du temps et de l’histoire un déchirement dans la conscience, un désordre dans la sensation : “la réalité absolue du monde et de notre présence au monde se brise. Le faux apparaît, la confusion devient visible, l’apparence se fait jour” écrit l’auteur.
Et ce retour au bout du nihilisme représente la vision de nos perceptions fausses, nos conceptions erronées et nos croyances inutiles. Si bien qu’avec le faux, apparaît l’opposition entre la conscience vraie et la conscience pipée. Pour Lavorel, “nous incarnons ce complet revirement de l’histoire que l’on appelle l’éveil !”. Du moins tel est son vœu.
De la ferme familiale de son enfance à ces études de philosophie puis dans ses expériences ordinaires et transversales, l’auteur poursuit en autodidacte sa trajectoire aux ramifications multiples. Et son livre, entre poème et récit, délivre un moment clé dans l’expérience spirituelle. Un combat passe entre autres “au pied de la croix où fut fixé pour des siècles le destin de l’Homme”.
Il est temps de se relever et de ne plus cultiver la honte et le dégoût car cela se résume à une commodité de la conversation. Il faut viser plus haut.
Ce voyage devient le moyen d’espérer passer paradoxalement de la défaite à la victoire. Mais l’auteur n’a pas le triomphe facile car il sait ce qu’il en est de l’homme et de son rapport au monde. À ce stade, un tel rapport est essentiellement dangereux.
Pour preuve, l’être ne cesse de se laisser happer par des énergies sombres. Elles ne datent pas d’aujourd’hui. Tous les faux prophètes en témoignent, qui se sont succédé pour satisfaire nos incompétences notoires et nos égoïsmes.
Il s’agit de briser les cycles de nos enchaînements tragiques, ou tout du moins d’en limiter drastiquement la production en suivant les chemins de délivrance ou de non-enchaînement. Existe là une sagesse élémentaire de l’incarnation au cœur de l’unité primordiale et contre les désordres dans la sensation, le dérèglement de notre sensibilité, la crise de nos opérateurs mentaux.
Bref, l’auteur espère l’unité de la communauté et de l’être. Lui-même par son existence en donne la preuve
jean-paul gavard-perret
Thomas Lavorel, Au bout du nihilisme, éditions Le Lys Bleu, février 2021 — 11,50 €.
Un grand merci pour cette critique ! C’est un plaisir de se savoir lu…