Roland Nadaus, Le miroir amnésique

Garder la foi en ce marigot

Sous forme d’autobiographie, Roland Nadaus ne cherche pas à pho­to­gra­phier sa vie. L’objectif n’a rien d’anecdotique. Il s’agit de mon­trer com­ment un par­cours exis­ten­tiel doit se gran­dir à chaque pas et ce, en un “che­min long et com­pli­qué quand je regarde dans le miroir amné­sique et sans tain de ma vie”. Un tel pro­pos se réflé­chit sur le lec­teur pour sa propre évo­lu­tion.
Pour autant, le poète de sim­pli­fie rien. Il sait qu’avancer c’est for­cé­ment se com­plexi­fier entre révolte et sou­mis­sion “par l’amour vers lequel tout converge”. Entre écri­ture poé­tique, action poli­tique et foi, Nadaus a donc mené et mène tou­jours sa recherche au milieu de tous ceux qu’il a ren­con­trés : mar­gi­naux comme direc­teurs de conscience.
Ici, en un texte qui -  comme ses poèmes -  demeure ce qu’il nomme le “réaly­risme” et une moda­lité d’existence.

De moments clés, l’auteur retient ce qu’il en aura appris même de ceux et de celles qui sont tri­cheurs ou “voyous célé­brés” “avec le stylo dans le fion”. L’auteur a tou­jours refusé cet “entre­jam­bisme” des “gens bons” qui ne le sont que de nom. Roland Nadaus ne s’économise jamais et sait sor­tir les mots qui conviennent pour chaque cir­cons­tance face aux sires constants ou non.
Pour autant, il n’en tire aucune haine. Refu­sant d’être atra­bi­laire, il reste impas­sible — du moins en appa­rence–  face à ceux qui vou­lurent pas­ser ses livres au pilon ou en retar­dèrent la parution.

Le livre avance au pas de charge et ouvre au pas­sage des vues quasi abys­sales sur nos anciens princes socia­listes (Rocard, Mit­te­rand, Allègre) qui ne décou­ragent pas la foi mili­tante du poète. Les man­da­rins sou­vent l’entourent, qu’ils soient poli­ti­cards ou poé­ti­cards.
Tous trans­forment  la culture en farce égo­cen­trique. Preuve que — à Saint Paul Roux et sa Divine — il vaut mieux trou­ver ses assises près de Saint Paul et son Maître Divin.

L’auteur aura fait un sacré tour de la ques­tion et disons le : ça dépote à chaque page. Nadaul dévoile le mal que se donnent les mâles pour fabri­quer leur tout à l’ego.
Il est presque éton­nant que, dans un tel mari­got Nadaus, ait pu gar­der la foi.

jean-paul gavard-perret

Roland Nadaus, Le miroir amné­sique, édi­tions Henry, Mon­treuil sur mer, 2021, 132 p. — 12,00 €.

1 Comment

Filed under Essais / Documents / Biographies, Poésie

One Response to Roland Nadaus, Le miroir amnésique

  1. Marine Rose

    Magni­fique et intri­gante cri­tique, ça donne envie de le découvrir!

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