Après douze années de silence, Françoise Lefèvre qui écrivit des livres sans concession où elle se mit à nu propose ici sa rencontre avec Jean-Jacques Pauvert. L’éditeur fut le premier qui crut en elle.
En lui disant simplement :“Ecrivez “, il changea son parcours existentiel et il devint “le Magicien de sa vie” comme elle se plaît à le qualifier.
Ce livre de vie est celui de la folie d’écrire, cette maladie qui ne se quitte pas. L’auteure avance dénudée dans la langue qui se prête pourtant à tant d’éloquence. Mais de cette langue là, il faut partir afin de déboucher sur le bruit d’un non savoir.
Tout se crée en effet au fil du texte et dans l’épure. C’est là toute la profondeur de sa quête.
Aujourd’hui, “aucun passeur pour me faire traverser les douves. Pas de second miracle” dit l’auteure mais d’ajouter qu’ “il me reste ma ferveur.“
D’où sa dédicace à Pauvert : “J’imagine que j’écris pour vous. Loin de vous. Sans vous. Si proche de vous. J’invoque cette étoile qui me vient de vous et qui brille obstinément au-dessus des forêts.”
Néanmoins, à manière, Jacques (Flament) prend le relais de Jean-Jacques au moment où l’auteure pousse l’ “Horizon vide du à dire” (Husserl). C’est aussi lancer à l’extrémité le temps de la réflexion et préférer au passé le futur antérieur, contre la nostalgie et son chaos. Grace à Pauvert hier et Flament aujourd’hui, l’écriture est pleine de fond, dépasse sa limite jusqu’aux interrogations qui ne comportent pas de réponses.
L’enracinement n’est ni dans le ciel ni dans la terre : à l’horizon, sa ligne de démarcation.
Là où l’auteure reste en connexion profonde avec qui elle fut et qui elle demeure.
Son apnée continue.
jean-paul gavard-perret
Françoise Lefèvre, Retour au royaume, Jacques Flament éditeur, février 2021.