Le mariage mène à tout. A condition d’en sortir. Du moins lorsqu’il s’agit de sa photographie. Alison Bounce, ardéchoise au coeur fidèle pour les aventures un peu folles, s’en est faite l’artiste, plus que l’artisane, experte.
Elle est d’ailleurs passée de la photographie de mariage classique à la photo du même genre mais aquatique. Manière de souligner que les jeunes mariés sont heureux comme des poissons dans l’eau.
Comme beaucoup d’artistes, elle a commencé — l’organe faisant la fonction — en recevant en cadeau un Reflex. Aussitôt, elle enchaîne les prises de vue avec ses proches qui deviennent ses modèles. Et celle qui était passionnée par les camions rouges et de gyrophares bleus des pompiers part en solitaire à deux (avec son appareil) faire le tour du monde avant de devenir photographe professionnelle.
Ce qui n’était pas gagné d’avance.
Mais — et même si elle est plus créatrice de paysages que de portraits — Alison Bounce a fait plus que gagner sa vie à travers les seconds en transformant la photographie de mariage. Elle s’y veut, dit-elle, “Ninja funky” et le prouve.
Quittant les prises conventionnelles, elle recherche ce qui déborde dans l’humour, l’émotion voire l’accident en de tels moments. Tout en répondant aux attentes de ses clients surpris et séduits par autant de liberté que d’exigence.
La photo sous-marine lui a permis de poursuivre sa fronde de portraitiste. De passage aux Philippines et voyant de dessous le niveau de l’eau une mère avec son enfant, elle s’est formée pour de telles prises et assurer la sécurité de ses “muses”. Une étape de plus a été franchie.
Proche de Erika & Lany Mann, mais aussi de Moniva Munoz ou encore Fer Juaristi, elle est comme de tels créateurs.trices capables de transformer le reportage entre fête et simplicité.
Alison Bounce ne triche jamais dans ses contrats tacites avec les tiers comme avec elle-même. Et ses travaux de commande permettent des narrations plus complexes que les situations officielles proposent.
Elle en retient un peu de « temps à l’état pur » cher à Proust. Cette propension prouve l’attention et la concentration bienveillantes de celle qui — comme tout grand créateur — peut refaire toujours le même voyage.
Le tout dans le jeu des lumières naturelles comme du flash.
Tout est en courbes, couleurs et fantaisies pour toucher à l’indicible au milieu de rites même lorsqu’ils sont tapageurs.
jean-paul gavard-perret