Alexis Pelletier, Les Moires

Para­doxale plénitude

Les moires sont les trois sœurs de la mytho­lo­gie grecques. Elles sont plus connues sous le nom latin de Parques. Elles repré­sentent le des­tin.
Et l’auteur a repris leurs figures pour retrou­ver dans le passé de quoi nour­rir “un amour abso­lu­ment intact / pour l’époque” même si “un peu de cet air de liberté / qui fait nos corps / dis­pa­raît chaque jour”.

Et sur ce plan, les Parques ne nous trompent pas. Elles rap­pellent com­bien notre éter­nité est pro­vi­soire. Dans ce chant, elles montrent le che­min sans erreur de pro­nos­tic quant à notre nature.
Aucun ogre ne peut brouiller les cartes. Finies les vieilles répliques, finies les repré­sen­ta­tions romantico-sentimentalistes.

Le chant, ce “mono­drame” aussi sau­vage que sobre dit tout sans l’intrusion des larmes et des méta­phores. La stag­na­tion est neu­tra­li­sée par une échap­pée sans retour sou­li­gnée par la démarche d’Alexis Pel­le­tier.
Existe un essor poé­tique parmi les décombres du temps aux prises avec cette bouche de lumière, cette coque ouverte sus­cep­tible de don­ner forme à notre tour de manège.

L’auteur pro­pose une para­doxale plé­ni­tude par ce retour amont. La notion de rap­port s’efface de l’absolu.
Celui-ci se sous­trait au pro­fit du temps qui  — du moins tant qu’il en reste - ne nous prive pas “de la mémoire légère d’être ensemble”.

jean-paul gavard-perret

Alexis Pel­le­tier, Les Moires, Vincent Rou­gier Edi­teur, 2020, 32 p. — 13,00 €.

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Filed under Poésie, Théâtre

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