L’auteur de Cendrillon met en scène un héros (Dimitri) à la recherche des arcanes de l’invention d’Internet.
Le roman est une sorte d’enquête sur le corporatisme, le lobbying, les jeux d’influence avec Ambroise Roux et l’invention de Louis Pouzain qui passa aux Américains et ce au “profit” du Minitel si bien que la France et l’Europe perdirent la main sur les réseaux informatiques.
Néanmoins, le livre est drôle car existe aussi un roman d’amour et bien d’autres encore dans un corpus réaliste (et romantique) où l’auteur s’intéresse à tous les petits détails : entre autres ceux de la nature féminine comme aux “instants décisifs” où la France est passée à côté de la possibilité de devancer les Etats-Unis dans la création d’Internet
L’auteur confond et terrasse le conformisme et les servitudes, non parfois sans une certaine prétention appuyée dans tels ou tels passages mais il retrouve sa veine première. Cela se transforme parfois en du sous-Houellbecq mais se lit sans fin car il existe là une déambulation bien filée dans diverses régions ou entreprises. D’autant que, très vite, l’auteur reprend ce qui fit le charme de ses premiers livres.
Existe même souvent une belle acuité sur l’époque et un rapport astucieux entre le rêve et le réalité, bref le théâtre du monde. Tout au moins de Paris.
Et ce, de la part d’un vieux rêveur qui sait y faire.
Ses « avatars synthético-théoriques » - projections spéculatives d’une psyché où l’autofiction se dégage totalement de ce à quoi elle se limite généralement — permettent qu’entre réalité interne et externe, un monde grouille de bien des erreurs confondantes et des miasmes.
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jean-paul gavard-perret
Éric Reinhardt, Comédies françaises, Gallimard, coll. Blanche, Paris, 2020, 478 p. — 22,00 €.