Illuminations rimbaldiennes
Emanuele Scorcelletti est un photographie italien qui a chevillé au corps ou à l’esprit la passion du cinéma dont les maîtres s’appelaient Federico Fellini, Luchino Visconti et Michelangelo Antonioni.
Chez eux il apprécie la théâtralité, la lumière, le noir et blanc qui subliment les visages et les corps.
Il caresse aussi une passion pour les femmes et surtout les actrices, leur beauté, leur mystère. C’est pourquoi, dans ses photographies, elles se regardent autant qu’elles regardent l’objectif avec ce qui les “fait” : doutes, angoisse, orgueil, narcissisme, etc.. Chaque cliché de l’Italien devient un hommage, une forme de déclaration d’amour envers ses sujets (plus qu’objets).
Il s’approprie, dans une situation fondamentalement impersonnelle (le festival de Cannes) un regard personnel.
Soucieux de celles qu’il capte, il leur parle, échange, sourit et soudain le regard de ses actrices changent. Et c’est là que l’appareil photo se déclenche sans que la “victime” se soit rendue compte de ce qui vient de se passer car Scorcelletti continue, comme si de rien n’était, à rire et à plaisanter. Les stars immobilisées par l’artiste dans des environnement très artificiels se retrouvent soudain avec une sorte de vérité qui est personnelle et n’est donc pas seulement celle du monde du cinéma et de Cannes au moment où le photographe lui rend hommage.
Chaque cliché procure un apaisement, une chaleur digne des lueurs pourpres du Caire (même en noir et blanc), des flammes hésitantes surgies d’une aube sans pour autant qu’elle soit forcément comparable à ce que vit Rimbaud dans les Illuminations.
Mais elles n’en sont pas loin.
jean-paul gavard-perret
Emanuele Scorcelletti, Festival de Cannes 2020, du 12 mai au 23 mai 2020. Exposition virtuelle.