Un charmant film noir qui mérite tout à fait le visionnage
Le policier Mike Carter, campé par Lawrence Tierney (Reservoir Dogs, 1992 ), est renvoyé pour insubordination puis se laisse convaincre d’endosser le rôle de garde du corps au service d’une étrange dame d’un certain âge à la tête d’une suspecte compagnie de viande ainsi que d’une non moins énigmatique famille. On comprend ainsi mieux le titre Bodyguard d’un film qui n’a fort heureusement aucun lien avec le navet de 1992 dans lequel s’époumone Whitney Houston.
Carter prend vite conscience d’être victime d’un coup monté visant à le faire accuser du meurtre d’un de ses collègues. Commence alors une agréable partie de cache-cache avec les forces de l’ordre comme avec les vrais meurtriers et de laquelle notre héros espère sortir innocenté.
Nous ne sommes ainsi pas ici très éloignés d’un scénario hitchcockien à la Young and Innocent (1937). La comparaison s’arrête assez vite, tant ce film dirigé par Richard Fleischer (The Boston Strangler, 1968) et dont on doit pourtant le scénario à un très jeune Robert Altman (MASH, 1970), reste souvent trop bancal . Sa durée, quelque peu inhabituelle, de 62 min n’y est certainement pas étrangère. On s’amuse ça et là de quelques invraisemblances : les prises de note de Carter sont bien rapides, le garde pourrait avec un tant soit peu plus de conviction réussir à briser cette vitre… On frôle parfois même le délire lorsque notre héros doit se rendre au magasin de disques (« Record your voice ») pour prendre connaissance des résultats des recherches de sa compagne Doris (Priscilla Lane), cette dernière ayant en effet cru bon de les immortaliser sur 78 tours ; elle en enregistre d’ailleurs bon nombre avant de finalement se décider à communiquer l’information sans laquelle notre garde du corps aurait probablement fait chou blanc (pour ne pas dire « tintin »).
Hitchcock avouera lors de ses entretiens avec François Truffaut avoir été plutôt mécontent de la prestation de Priscilla Lane dans son néanmoins excellent Saboteur (1942) ; elle lui avait, soit dit en passant, été imposée par la production : They presented me without asking me a “fait accompli” with the leading woman. She was not a Hitchcock leading woman. I was double crossed there. So that wasn’t very good… . Elle ne démérite pourtant pas ici six ans plus tard, lors de sa dernière apparition, dans ce charmant film noir qui, bien que n’apportant rien de nouveau au genre, mérite tout à fait le visionnage.
F. E. Ginley
Bodyguard
Réalisation : Richard Fleischer
Avec Lawrence Tierney, Priscilla Lane, Phillip Reed, June Clayworth
Editions Montparnasse Vidéo
Version originale + version originale sous-titrée français
Mono 62 min
N&B
Sortie :septembre 2009
Prix :9,99 euros.