Patrick Boutin, à travers des histoires en vignettes plus ou moins longues, crée un jeu entre absurdité et ressemblance. S’y descelle et décèle le trouble là où l’auteur ne s’attarde pas et psychologise à la renverse. Le réel est labouré dans des épisodes où “pour un oui ou pour un non” des destins en esquisse basculent.
Les personnages taillés à la serpe quoique ancrés dans la réalité glissent dans le songe où le lecteur disparaît avec eux.
Tout tient parfois du conte où le merveilleux se décapite (‘“Meilleurs voeux”). Parfois en des textes plus longs, le commun des mortels est possédé par des muses diaboliques — mais pas seulement.
Existe là une richesse créatrice toujours drôle (“Les mouches” par exemple).
Le quotidien et ses saisons exsudent de diverses façons dans un langage élégant et volontairement apprêté qui donne tout son charme et l’humour à cette série de séquences empreinte de trouvailles stylistiques et scénographiques.
C’est bien plus qu’une jolie surprise entre émanations imprévues et marches forcées.
jean-paul gavard-perret
Patrick Boutin, Miroir, Miroir, illustrations de Pascal Dandois, Bozon2X Editions, Spa (Belgique), 2020, 15 E.