Celui qui va devant mais n’oublie pas le passé, entretien avec Harold Chlewicki (Caressez-moi fort !)

Grâce aux pho­to­gra­phies de Harold Chle­wi­cki la blan­cheur des peaux ou leur bron­zage invitent à ouvrir les plis de la pen­sée et à aimer la fra­gi­lité du corps. Tout ondule, se creuse. Des lisières se dérobent et des gouffres silen­cieux s’ouvrent en  des­centes et remon­tées.
Sans que les visages soient visibles, les corps s’offrent à l’assaut d’un sou­pir, d’un déclic. Nul besoin de contexte pour atteindre le ciel, ici même, ici bas.

Le pho­to­graphe crée des jeux entre les corps et les bribes d’étoffe  là où les fra­grances des désirs sont allu­sives sous les boules à facettes ou le soleil des plages.

Du pho­to­graphe : Caressez-moi fort ! , Gale­rie Eva Hober, 2019.

 Entretien : 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Ils sont de retour.

A quoi avez-vous renoncé ?
A rien. Mais bien­tôt peut-être.

D’où venez-vous ?
Je me le demande encore.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un poids trop lourd à porter.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
La caféine.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Mon absence de Loi et de règles. Mon regard inso­lent et une sen­si­bi­lité exacerbée.

Com­ment définiriez-vous votre approche du corps ?
Des che­veux rele­vés, des yeux sur une nuque, et une main sur le tissu d’une culotte.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Le visage de Linda Blair dans L’exorciste.

Et votre pre­mière lec­ture ?
La revue “J’aime Lire”.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Les musiques com­man­dées par mes émo­tions du moment, la liste peut donc chan­ger dans cinq minutes. Miles Davis, Pino Donag­gio, Smag­ghe & Cross, du RNB à la gui­mauve, Les princes de la ville, Andrew Wea­the­rall, Kick­back, It’s a fine line, Leo­nard Bern­stein, Alex North, Fleet­wood Mac, New Order, Gucci Mane, Johnny Cash…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Les contes cruels” de Vil­liers de l’Isle Adam.

Quel film vous fait pleu­rer ?
“On the Waterfront”.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
C’est encore un peu flou.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A tel­le­ment de gens, mais il n’est pas encore trop tard.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Los Angeles.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Del­mer Daves, Tom Wolfe, Nicho­las Ray, Guy de Mau­pas­sant, Ray Brad­bury, Sten­dhal, Law­rence Block, Arnaud Des­ple­chin, Jérôme Cha­ryn, Michael Cimino, Claude Nori, Tenes­see Williams, Mauro Bolo­gnini, Joseph H. Lewis, Budd Schul­berg, Howard Hawks… J’arrête là, la liste est trop longue, c’est un sup­plice de répondre à cette question.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Le nou­veau MacPro.

Que défendez-vous ?
La flamboyance.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je pense que Lacan aurait dû sor­tir un peu plus la nuit et que dans mon cas c’est plu­tôt l’inverse ou le contraire, je ne sais plus. Et puis, je suis plu­tôt Freud.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Je pré­fère le Tal­mud, c’est plus compliqué.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Quand allez-vous enfin affron­ter votre film ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 19 février 2020.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Entretiens, Erotisme

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>