Sur les traces de Pasolini
Depuis juin, juillet et août 2019, Chloé Lamidey a entrepris la route des plages évoquée par Pier Paolo Pasolini dans le récit «La Lunga Strada di Sabbia» en 1959. Le livre ouvrait un itinéraire de Vintimille à Trieste et à 61 ans de distance la photographe lui donne sa propre interprétation.
Les mots du poète deviennent un prétexte à cette dérive où, comme lui, Chloé Lamidey refuse d’ « aller au-delà de son premier sentiment». Mais, pour autant, se découvrent en filigrane certains autres textes de l’auteure.
Comme l’écrivain italien, elle se mêle à la foule en villégiature, se rapproche des corps sur des rives de stations balnéaires qui, dit-elle, “sont devenues de formidables laboratoires où se reflètent plusieurs facettes de nos sociétés”. Sans jamais “prêcher” et dans ce voyage de deux mois et de plus de 4000 kilomètres, l’artiste suggère bien des problèmes actuels : tourisme de masse, pollution, phénomène migratoire des populations.
Entre réalité et imaginaire, proche de ce qui advient mais non sans fantasmes implicites, la photographe accorde à celles et ceux qu’elles rencontre plus de bienveillance que d’ironie dans une déambulation aussi primesautière que profonde.
S’établissent des rapports entre la photographie et la littérature. Ils mènent à de nouveaux liens et à des compréhensions poétiques imprévues propres à interroger l’inconscient individuel et collectif de la seule manière possible : à savoir la plus « sourde » et à la fois visible et invisible.
jean-paul gavard-perret
Chloé Lamidey, La lunga strada di sabbia (La longue route de sable)