En introduction, le scénariste résume en quelques phrases sa série et ce que Jonas Crow, son héros, est devenu compte tenu de multiples péripéties. Il se retrouve dans une situation où il n’a plus rien. “Malheureusement, il a encore beaucoup à perdre…”
Ce cinquième tome s’ouvre sur une diligence poursuivie, dans un paysage de neige, par des Indiens. Ceux-ci la stoppent. Derek, l’escorteur, tue les deux passagers et veut s’enfuir. Il se retrouve face à un indien qui lui plante une flèche. Derek veut le tuer. Un coup de feu retentit…
Dans un luxueux salon, Sid explique à Joséphine Barclay que l’Indien blanc, son fils, est mort sans souffrir. Elle veut alors qu’on retrouve son corps et qu’on le ramène pour des funérailles à Tucson. Il fait part des énormes difficultés pour satisfaire son souhait. Mais elle reste ferme ! Tant que le corps de son fils ne sera pas près d’elle elle ne peut envisager un mariage avec Sid.
Il va alors chercher le seul homme qui lui semble capable de retrouver un cadavre en territoire indien : Jonas Crow. Ils se sont connus enfants et ont commis leurs premières frasques adolescents. Sid est devenu le chef de la milice privée de la compagnie que possède la richissime Joséphine. Il fait pression sur Jonas qui, sous la menace, finit par accepter. Or, si la compagnie arrose la tribu Chiricahuas qui se tient tranquille, Salvage, et sa bande de fanatiques, continue de terroriser tant les Blancs que les Indiens…
Avec Undertaker, les auteurs ressuscitent le western, ce genre artistique inspiré par l’Ouest américain. On retrouve tous les codes qui en ont fait l’attrait, les grands espaces, les bandes de hors la loi, l’organisation sociale, les débuts de l’exploitation minière et agricoles de ces régions, la révolte des occupants à qui on prenait les terres …et le croque-mort.
Cependant, si Xavier Dorison retient ce personnage pour héros, il en fait un protagoniste bien différent de ceux habituellement présentés. Il a une personnalité forte, construite sur un passé tumultueux.
Sur un récit riche en réflexions sur la nature humaine et la société, Xavier Dorison continue de multiplier les rebondissements et les ennuis de son héros, le malmenant avec entrain. Il organise sa série en une suite de diptyques où, à l’image des contes philosophiques, il met en scène des grandes problématiques de l’époque, problématiques qui restent d’une brûlante actualité.
Il parsème son récit de répliques assassines et livre des versets de la Bible de Jonas particulièrement savoureux, cocasses mais d’une belle pertinence.
Si le scénario se révèle telle une tragédie, le graphisme assuré par Ralph Meyer et Caroline Delabie séduit, sidère par sa qualité tant dans les plans d’ensemble que dans les détails de vignettes plus restreintes où les regards importent, porteurs des sentiments, des émotions des protagonistes.
Avec L’Indien blanc, la série se continue de belle manière, devient de plus en plus addictive tant par la créativité dans le renouvellement de la galerie des individus qui gravitent autour du héros que pour sa mise en images grandiose.
feuilleter l’alum
serge perraud
Xavier Dorison (scénario), Ralph Meyer (dessin et couleur) & Caroline Delabie (couleur), Undertaker – t.05 : L’Indien blanc, Dargaud, octobre 2019, 64 p. – 14,99 €.
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