Présences tragiques et burlesques
Maître de la figuration humaine — mais pas n’importe laquelle puisque nous pouvons parler de dé-figuration, Martin Bruneau depuis le Québec rameute à sa main et son regard des images majeures de l’art européen — des Ménines de Vélasquez au Radeau de la Méduse de Géricault, des figures princières de Cranach, des membres du Syndic de la guilde des Drapiers de Rembrandt, dans ses productions de 1997 à 2010 entre les modèles et leurs reconsidérations.
A travers cette confrontation opérante qui subjugue, l’artiste s’interroge sur la peinture elle-même à travers un de ses genres de référence. Chez lui, le portrait est détourné, retourné.
Parfois, Bacon n’est pas loin selon un expressionnisme très particulier.
L’artiste crée son propre langage plastique entre des influences plurielles. Il en abat l’écartement là où les sommes de semblants laissent volontairement à désirer pour que le désir apparaisse. Le tout au nom d’un principe de déconstruction pour donner lieu à des présences tragiques et burlesques agissantes.
Chaque pièce ébranle la surface par l’interaction inconfortable entre figure humaine et espace confiné.
jean-paul gavard-perret
Martin Bruneau, La Fable de Butadès, Galerie Isabelle Gounod, Paris 3ème, du 10 octobre au 23 novembre 2019