Aurélien Bellanger est un écrivain bavard inventeur d’une principauté européenne pour évoquer une défense de son continent. Au début du livre, le héros (du moins un des quatre personnages centraux qui fonctionnent par couples) est au sommet de sa carrière (de play-boy mais pas seulement) et il s’agit pour lui de se ranger dans le Duché au moment où il rêve de principauté monégasque.
Mais il est des raisons que le cœur doit ignorer. Dès lors, le roman — trop long — entame un retour vers le futur de l’Europe. Il est en partie induit dans le sens du jeu et du rythme là où Q.P.S. (allias BHL) traverse ce conte bourré de références, de symboles voire de mathématiques comme au plus beau temps du syndrome Roland Barthes. L’auteur joue les érudits et fait le malin mais est plus performant lorsque son histoire nous rapproche de Tintin et du Sceptre d’Ottokar.
L’humour assez caustique se perd dans des circonvolutions et digressions inutiles. Cet étouffe-chrétien est sauvé en partie par la brièveté des chapitres. Mais l’aspect roman à thèse est parfois trop lourd et somme toute anecdotique. Il faut en retenir le côté enfantin pour le sauver. Même si Bellanger n’est pas Umberto Eco et encore moins Voltaire.
Mais, comme Bellanger “a la carte”, on élève la vanité du livre “sympatoche” au rang d’une merveille. C’est sans doute largement exagéré pour cette défense du libéralisme pro-européen contre les complotistes. La satire est éloignée d’un Houellebecq. Et c’est une des limites d’un livre où les fulgurances se perdent dans une soupe parfois mélancolique qui en casse le souffle. Surtout s’il se voudrait épique.
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jean-paul gavard-perret
Aurélien Bellanger, Le continent de la douceur, Gallimard, Paris, 2019, 496 p. — 22,00 €.
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