Jasmin Joseph (1924–2005) était un artiste haïtien que certains critiques voulurent à tort ranger parmi les peintres naïfs voire de l’art brut. C’était une manière de déconsidérer de manière désobligeante un “vrai” peintre qui sut observer le monde et ses habitants en tirant son inspiration de la nature, du monde animal, des scènes bibliques ou des contes.
Issu d’un milieu modeste et d’abord employé d’une briquerie où il apprend” son métier d’artiste, Jasmin Joseph développa un travail de céramiste et peintre très original. Il obtint une renommée internationale surtout en tant que peintre. L’exposition présente une série d’oeuvres inédites. Les plus remarquables sont une interprétation du conte haïtien du Hibou dans la version collectée par la conteuse américaine Diane Wolkstein en 1978.
Jasmin Joseph a commencé en 1986 cette série. Il scénarise à sa main la fable bien moins enfantine qu’il n’y paraît. Elle illustre les thèmes de l’amour, de la confiance en soi, de la différence physique et sociale. L’artiste part ici avec en tête des visions animalières qui ne servent pas seulement à illustrer le conte mais d’offrir une concordance poétique si bien que l’ensemble texte/image se saisit pas osmose.
La “morale” de la fable se “dit” par le jeu des formes et des couleurs en ce qui tient de scénographies où les animaux sont là pour parler à l’inconscient aussi individuel que collectif. L’identité est cherchée dans le fond des croyances de diverses cultures. La question de l’être reste celle du mystère qu’à sa manière le bestiaire de Jasmin Joseph incarne.
Là et au besoin les animaux font la fête qu’il s’agisse des souris grises, de la tangara d’Haïti, de la capucine manioc ou la paruline orangée.
jean-paul gavard-perret
Jasmin Joseph, Le conte du hibou, Editions de la FACIM (Chambéry) et exposition “Jasmin Joseph, le conte du hibou”, Musée Faure, Aix les Bains du 15 juin 2019 au 5 janvier 2020.