Natacha Appanah, Le ciel par-dessus le toi

L’équi­libre du jour

La per­fec­tion n’est pas de ce monde et la cher­cher revient à se détour­ner de l’humain. La mère et la sœur de Loup le com­prennent. Comme elles savent que Loup dort en pri­son “même si le mot juste c’est mai­son d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des bar­reaux aux fenêtres, une porte en métal avec œille­ton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs”.
A par­tir de là leur ima­gi­na­tion galope et leur coeur ne s’en remet pas. Elles envi­sagent  “ce que c’est que de dor­mir en taule à dix-sept ans mais per­sonne, vrai­ment, ne peut ima­gi­ner les soirs dans ces endroits-là.»

A par­tir de là rien ne sert donc d’envoyer des scuds à ceux qui ne se croient en rap­port avec une idée de la per­fec­tion et de la jus­tice des hommes. Nous sommes ici dans qui les gouffres des coeurs bles­sés de noir­ceur. Mais Nata­cha Appa­nah, en révé­lant tour et détours de notre exis­tence, touche pro­fon­dé­ment.
Elle n’est pas de ces mau­vais écri­vains qui res­tent à la sur­face des exis­tences. Et sa nar­ra­trice n’a pas peur de la vie mais en connaît les imper­fec­tions, failles, blessures.

C’est ce qui donne la beauté à un tel livre. Il ramène une famille par-delà la dou­leur à une dou­ceur qui dépasse la pre­mière. La fic­tion rap­pelle com­bien l’équilibre du jour est ténu.
Mais aussi com­ment du bleu du ciel des­cend la lumière en hom­mage à Ver­laine auquel le titre fait réfé­rence bien sûr.

jean-paul gavard-perret

Nata­cha Appa­nah,  Le ciel par-dessus le toit, Gal­li­mard, col­lec­tion Blanche, 2019.

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