Dans un ensemble de courts textes, l’auteure crée un manuel (stylistique) de survie. Celle qui a pratiqué divers boulots (performeuse, actrice et égérie, femme de ménage, critique d’art, modèle de Nan Goldin, phytothérapiste entre autres), qui a écrit son premier roman à 12 ans, a atterri un temps en hôpital psychiatrique avant de brûler sa vie.
Ecrits sous le prisme de ses mille existences, avant du mourir du SIDA en 1989, ses textes sont directs et marqués par la bannière du risque. Dont celui de tout renverser comme elle le fait ici. Elle s’interdit toute distance et fonce plein pot dans une sorte de saturation dans de petits textes sans guimauve et jus de carotte ou top cakes au glaçage multicolore.
En liberté, sans posture dans sa propre mise en scène, ce vagabondage existentiel montre comment la vie se brûle par les deux bouts. Celle qui a fui Baltimore présente une série de voyages sans jamais s’arrêter. Elle est un peu partout dans le monde de Berlin à l’Italie, de la Nouvelle Orléans à la Jamaïque.
Cookie Mueller est toujours prête à tout recommencer, sans se forcer. C’est là son style de vie comme d’écriture en phrases sèches et courtes sans jamais barguigner. Aucune leçon n’est donnée. Aucune posture contre-culture. Juste la vie comme elle vient. Sans moyen financier ni relations, l’auteure s’est toujours aventurée en se jetant dans le vide mais sans rien de plombant.
En avance sur son temps, en empathie avec les autres, l’auteure séduit par sa singularité attachante là où, paradoxalement, elle se détache de tout ce qui retient le commun des mortels.
jean-paul gavard-perret
Cookie Mueller, Comme une version arty de la réunion de couture, traduction de Romaric Vinet-Kammerer, Préface de John Waters, éditions Finitudes, 2019, 208 p. — 17,50 €.
Une Gloria arty 100% libre, si rare…
Pingback: #PartageTaVeille | 07/06/2019 – Les miscellanées d'Usva