Konrad Schmitt, Mûla Bandha

Le  jeu de la vie et de la mort

Le titre de ce livre “néo-panique” vient d’une posi­tion de Yoga pré­ci­sée dans un vieux guide “Mara­bout” sur le sujet. Il s’agit d’une contrac­tion majeur de l’anus vers le haut “afin de com­battre la ten­dance de l’énergie vitale à se sou­mettre à la pesan­teur”. Existe en consé­quence dans l’ouvrage de Schmitt la même double pos­tu­la­tion : vers le haut et vers le bas dans un remixage des don­nées immé­diates du corps, sa pen­sée, son logos et ses lois morales. ,
Le livre du poète picard part d’une aube vers l’annonce d’une fin où la pro­créa­tion — du moins celle du poète et nar­ra­teur — est exclue.

Entre­temps, le récit déborde, par rafales et ava­lanches. Le Che­va­lier à la rose et à la prose érup­tive éructe en poé­sie, raconte sa nuit pré­cé­dente, ses affres et ses poro­si­tés dans un jeu de la vie et de la mort. Les images sont incan­des­centes, Schmitt s’y veut nou­vel Artaud.
Mais là où le bât blesse est qu’ici — et d’ailleurs un peu comme chez le Momo — l’auteur fait de la femme son ânesse. Et s’il en a gros, il se contente de faire peser sur elle les infor­tunes de ses sévices.

Certes, il existe sans doute là une figure de style et une belle tor­sion, la femme n’étant que le miroir de la mâle peti­tesse et de sa fini­tude. Elle reste la matière pre­mière d’un livre qui éja­cule, char­cute, jette dans un pru­rit ver­bal où tout un incons­cient se libère.
Le picard ouvre à un pica­resque riche autant en azote qu’en oxygène.

jean-paul gavard-perret

Kon­rad Schmitt, Mûla Bandha, Le Jar­din Ouvrier, Amiens, 2019.

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