Doris Pache n’abandonne jamais l’émotion. L’artiste semble peindre à l’aquarelle comme à l’huile et à l’huile comme à l’aquarelle afin de créer — de fait a tempera sur toile — une manière d’accrocher la lumière par effet de soyeux. A de rares exceptions plus “réalistes”, regarder ce travail revient à s’aventurer dans une peinture des confins.
D’autant que dans ses oeuvres récentes quasi monochromiques aux “paysages” nus, Doris Pache subvertit la notion de narration, de réalisme ou d’abstraction.
La sensualité est présente mais de manière métaphysique et ineffable. Chaque toile de la Lausannoise nous plonge dans des moments ou des lieux incertains, flous, troubles mais indéniablement sources d’apaisement. Elle devient un poème, une sorte d’uchronie plastique. Entre ici et ailleurs : l’infini court toujours.
Le paysage est sans contour, sans limite ni description et n’admet ni parenté ni cause. Il est comme un loup ou un ange blanc. Il ne cesse de s’étendre. Divisant le monde, il crée des âmes dans la profondeur de l’air.
C’est un miroir de métal fluide qui résiste à tout effacement.
jean-paul gavard-perret
Doris Pache, Silence des couleurs, Galerie Anton Meier, Genève, du 2 mai au 28 juin 2019.