Hélène Manon & Léon Herrmann, Eclats de Guerre et d’amour (3e partie : septembre 1918-mai 1919)

Guerre et Amour

La tri­lo­gie de cette his­toire d’amour et de guerres est excep­tion­nelle. Il faut mettre guerres au plu­riel : car si tout se passe entre deux jeunes gens qui ne pour­ront se marier qu’après la Pre­mière Guerre Mon­diale (où ils ne ces­sèrent de s’écrire),  ils seront à nou­veau sépa­rés pen­dant la Deuxième Guerre Mon­diale. Mais ils s’aimeront toute leur vie et mour­ront dans la même semaine en 1984.
Les trois livres ras­semblent la cor­res­pon­dance des deux tour­te­reaux (mais bien plus) qui se sont écrit pen­dant sept ans avant de réus­sir à se marier en dépit de la guerre et de la dif­fé­rence de religion.

La cor­res­pon­dance est d’abord naïve : les jeunes gens entrent en amour sans (presque) s’en aper­ce­voir. Il est vrai que Léon Herr­mann est de toutes les batailles. Il écrit du fond des tran­chées sur de minus­cules car­rés de papier tan­dis qu’Hélène, de Troyes, cachette ses enve­loppes à la cire : la cen­sure s’en inquiète et se per­met un regard inop­por­tun sur ces amours nais­santes. Si bien qu’ils vont s’écrire en un anglais sou­vent approxi­ma­tif.
Le Capi­taine cou­ra­geux sera blessé, gazé, décoré. Les lettres deviennent plus per­son­nelles, mais peu à peu Herr­mann com­prend qu’il est aimé. Un tel échange prouve que l’amour n’est pas le poi­son qu’on achète avec de l’or et qui se perd dans les larmes même s’il y en a eu, au gré des batailles et des per­mis­sions, des que­relles et des réconciliations.

Souvent Herr­mann reste plus sol­dat qu’amoureux. La guerre finie, pas ques­tion de retrou­ver sa Made­lon contre laquelle il fait si bon dor­mir (entre autres). Il l’abandonne pour, en capi­taine héroïque, rejoindre les USA et y ensei­gner aux offi­ciers amé­ri­cains le manie­ment d’armes fran­çaises. Il y sera admiré, choyé mais n’oubliera pas sa Cham­pe­noise.
Au milieu des trem­ble­ments du monde et du siècle, l’homme est ainsi révélé à lui-même par l’amour que sa future épouse lui porte. Ses paroles deviennent le moyen d’atteindre l’âme du Capi­taine. Elle lui fait tou­cher sa vérité et lui per­met de tra­ver­ser l’Apocalypse.

Tumul­tueux, l’amour crée une lumière. Il n’est en rien un far­deau. Au contraire. Ce n’est plus le sort qui assène ses coups : le par­tage le méta­mor­phose.
Et la “voix” de l’aimée crée une autre his­toire au sein de l’Histoire.

jean-paul gavard-perret

Hélène Manon & Léon Herr­mann,  Eclats de Guerre et d’amour, Z4 Edi­tions, Les Nans, 2019, 190 p. — 18,00 €.

1 Comment

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One Response to Hélène Manon & Léon Herrmann, Eclats de Guerre et d’amour (3e partie : septembre 1918-mai 1919)

  1. Carreira

    ” Un tel échange prouve que l’amour n’est pas le poi­son qu’on achète avec de l’or et qui se perd dans les larmes même s’il y en a eu…”

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