La 2ème édition revue et augmentée du triptyque Prose des rats / Poème trop long / Plaidoyer pour l’intellectuel calomnié n’est certainement pas la dernière. Le texte peut à la fois continuer à errer dans les égouts de la langue ou à l’inverse être rongé ça et là non pour en finir avec elle mais constater ce qui s’y passe.
En dehors des rat-ionnalités, le poète devient un scélé-rat qui ose tout ce qui rate ou se perd dans une des deux notes du tambour de clique : le ra. Celle qui fait battre que la langue ne dit pas. Le tout en une poésie qui n’est pas là pour rat-séréner et où le piège à souris devient celui à sourire même si Bobillot ne s’amuse pas forcément en rat-meutant du collectif.
Cela ne mange pas de pain diront certains, d’autres — plus lucides — en font leur fromage jusque dans les trous du langage où l’humanité s’engouffre. Avec le nouveau joueur de flûte de Harlem, le langage rat-sis est dépassé. D’autant que Bobillot n’écrit pas un nouveau “Raboliot” il a mieux à faire : rat-meuter du “Grand Soir” et ce ‚sans jouer les “ptimalins” des “ptits matins”. Il sait la que poésie n’est pas faite pour ça étant tout compte fait “le Spleen sans l’Idéal”.
Dès lors, les commotions cérébrales et les compositions d’une aphasie jargonesque suivent leur cours sans rat-courcis. Et cela est valable pour tout intellectuel digne de ce beau nom lorsqu’il pratique certaines confusions. Ici Deleuze quitte Guattari pour Tabarly, tout navigue à vue à coups parfois de syntagmes qui envahissent l’espace d’ambiguïtés.
S’inscrivent de nouveaux parat-digmes dans divers apparreillages sans apparat. Il y à là du Steve Reich poétique. Le sens admis est rat-iboisé loin de toute restrictions dans la mise en place d’une rat-dicalité. En se voulant bouffon, le poète crée un bouillon de culture capable d’approcher des vérités inconnues aux rat-ionnisateurs amateurs d’emphase et de lyrisme.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Bobillot, pRose des Rats, Atelier de l’agneau, 2019, 96 p. –17,00 €.