Anne Houdy crée en divers échos un chant étrange, distingué, pénétrant. Il retrace une « scénographie » temporelle et causale de divers corps-à-corps sobrement mis en scène. Images et indications lapidaires recréent des moments sous forme de pages-séquences. Les chemins s’égarent, se rejoignent. Se crée une immersion d’un genre inédit en un perpetuum mobile de voix. Le miroir d’une vérité s’incarne à travers elles.
Par de tels croisements, la médiation devient une nourriture spirituelle. Elle se prépare à partir de l’imagination. Celle-ci fait jaillir de l’oubli des sentiers perdus ou oubliés où le lecteur perçoit la vie. Et ce, à travers les personnages que la poétesse isole de la masse confuse de la matérialité. Et ils retrouvent là une trouée vertigineuse.
Anne Houdy, Fable pour l’hiver, Editions Tituli, Paris, 2019.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Très présents, heureusement…
A quoi avez-vous renoncé ?
A savoir compter.
D’où venez-vous ?
D’une famille de musiciens.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
De l’’oreille.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Jouer du piano.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Mon chemin.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Le quai de la gare du Nord un soir de décembre.
Et votre première lecture ?
“Madeleine” de Ludwig Bemelmans.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Tout Bach mais aussi, “L’Adieu” et “le Concerto clarinette et piano” de Poulenc.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Le livre de lOubli” de Bernard Noël.
Quel film vous fait pleurer ?
Je ne pleure pas souvent au cinéma mais très souvent au théâtre.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi, heureusement.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon père.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Paris.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Jacques Rebotier, Henri Michaux, E.E Cummings.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une très bonne bouteille à partager.
Que défendez-vous ?
Mes personnages.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Oui c’est très exact…
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
C’est une question à laquelle je dois répondre également ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
De quoi je vis…
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 25 mars 2019.