Frédéric Acquaviva a travaillé avec Isou les dix dernières années de sa vie, à savoir jusqu’en 2007. Il a monté cinq expositions sur son œuvre dont la dernière exposition monographique du vivant de l’artiste et la plus importante rétrospective sur le au Passage de Retz à Paris avec Bernard Blistène en 2012.
sSon livre, première monographie sur l’artiste et poète, lève le voile sur ses réalisations originales et pionnières. A la suite du Dadaïsme et du Surréalisme, Isidore Isou fut le chef de fil du Lettrisme dont seront entre autres issus Guy Debord, le futur fondateur de l’Internationale Situationniste, et Pierre Garnier.
L’ouvrage contient une iconographie sans précédent (avec de nombreux documents inédits et des œuvres inconnues), à laquelle s’ajoute une bibliographie de l’ensemble des expositions personnelles et un un choix de textes parmi les 200 écrits du créateur pour lequel la poésie n’est pas un travail littéraire mais un métissage. Isou sut la mettre en condition et en voyage par-delà les genres et les formes fixes.
Il savait qu’il fallait gâcher du temps, du papier et être généreux. Sa poésie est devenue visuelle, action, geste, inaugurale. Mais elle resta pour lui avant tout sonore : d’où la filiation que son œuvre connaît (chez un Bernard Heidsieck) par exemple.
Une telle conception demeure cependant occultée. Son lettrisme, son pré-spatialisme, sa scansion a connu la difficulté du livre. Une telle approche est sans doute plus adaptée à l’ordinateur que d’une certaine manière elle anticipe dans les parcours (faussement aléatoires) qu’elle induit.
Parce que, fidèle à Schopenhauer, Isou avait compris combien la musique était l’art suprême puisque le plus dégagé des rapports de contingences capables d’évoquer quelque chose d’extérieur à lui. Il n’a cessé de chercher non une coloration musicale à la poésie mais une poésie résonnante et qu’il nomma “ centripète mélodique ”
jean-paul gavard-perret
Frédéric Acquaviva, Isidore Isou, éd. du Griffon, 2019, 290 p. — 60,00 €.