Alis Mirebeau ignore la violence. Elle préfère l’humour et la beauté. Les deux risquent de faire frémir les tièdes, les pisse-froid, les blêmes. Se retrouve ici une photographie “indienne” au sens où Achille Chavée l’entendait. L’artiste ignore les pères et les repères. Que viendraient-ils faire dans ses folies coutumières et ses détournements ? Demeurent les sensations fortes et désopilantes à force d’ironie cinglante et de débordements qui excèdent morale et normalité.
Grâce à Alis, la femme n’est plus une Eve fautive mais la portion de miel au piment qui nourrit une iconographie hors de ses gonds. Le nu n’est plus là pour faire lever les fantasmes mais les renverser. Alis rejoint Alice et Mirebeau, Octave. Et si l’homme descend du singe, la photographe raccroche ses femmes à d’autres branches en un programme fripon. L’humour va comme un gant à la nudité qui, en plus belle femme du monde, n’offre que du leurre.
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Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mon chat qui gratte la porte.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils se réalisent petit à petit.
A quoi avez-vous renoncé ?
Je pense qu’il ne faut jamais renoncer à quoi que ce soit. Renoncer c’est s’abandonner. J’ai fais des compromis, parfois, mais je ne renonce à rien.
D’où venez-vous ?
Je viens, je pars, je vais.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Ecrire / photographier. J’ai ce besoin obsessionnel de laisser ma trace, même si je ne montre pas grand chose.
Comment définiriez-vous votre approche du portrait ?
Changeante en fonction du modèle.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Il y en a tellement, mais aujourd’hui je dirais un portrait de mon arrière grand mère.
Et votre première lecture ?
“L’enfant méduse” de Sylvie Germain
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’écoute de tout tant que ce n’est pas Michael Jackson ou les Daft Punk. (J’entend d’ici s’abattre un lourd jugement…)
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“L’enfant Méduse” de Sylvie Germain.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une personne mal coiffée.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Une ancienne prof de philosophie qui m’a traumatisée.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Toutes les villes sont des mythes, et parfois dans mes rêves elles se mélangent et se transforment pour créer quelque chose de nouveau. Chaque lieu à une histoire.
Que défendez-vous ?
LA PLANETE !
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »?
Que Lacan devait avoir une vie sentimentale bien pourrie.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ? »
Si oui est la question, la réponse est quoi.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Quel est mon voeu le plus cher ?
Présentation et entretien réalisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 10 janvier 2019.
…” Et quand les enfants me demandent pourquoi la mer est-elle salée je suis obligé de répondre que les poissons ont trop pleuré ” …