Le prince des nuées du Deuxième Sexe
Toutes les photos d’Albert Watson réalisées pour le “Calendrier Pirelli 2019″ et présentées à Milan explorent — tout en respectant la règle érotique du cahier des charges - un cycle onirique fléché. Ces “contes” sont des enluminures non seulement d’un monde imaginaire d’un artiste inspiré par le cinéma mais aussi la matérialisation de ce que les quatre égéries du photographe portent en elles.
Gigi Hadid, Julia Garner, Misty Copeland, Laetitia Casta sont enracinées ici dans leurs propres rêves et ambitions. Et c’est pour Watson une manière de s’écarter des manières dont ses prédécesseurs ont abordé le calendrier mythique.
Il a choisi de privilégier les narrations aux simples portraits. Chaque prise se veut un “arrêt sur image”. Il donne une profondeur de vue sur l’existence “objective“des modèles mais non sans fantaisie et énigme. L’artiste invente en conséquence des ponts vers des territoires du possible et du rêve. Les contrées des quatre femmes sont scénarisées dans un Miami qui n’est jamais traité comme lieu directement identifiable. Chaque prise erre entre onirisme et réalité et se tisse dans un langage iconique magnifique.
L’affabulation ou le rêve érotique sont présents mais s’y inscrivent d’autres enchantements et ramifications. Comme Nerval, le photographe tente de fixer des dérives “pour en connaître les secrets” et les faire partager au moment où il devient le prince des nuées du Deuxième Sexe.
Celui-ci passe ici au premier rang.
jean-paul gavard-perret
Albert Watson, Dreaming, calendrier Pirelli 2019, Milan et exposition au Pirelli HangarBicocca de Milan, décembre 2018.
L’accrocher dans la chambre et danser le tango