Une BD qui tourne à cent à l’heure, soit, mais quid du fond ?
Flic à la Nouvelle-Orléans, Jason Ash enquête sur un serial killer - “le marchand de sable” - qui enlève des jeunes filles, ainsi que sur la disparition d’un homme nu, crucifié la tête en bas sur un arbre du bayou St. John, évanoui de la morgue. Voici comment le tome 1 nous présentait une “guerre des anges” où s’affrontaient des personnages dotés de pouvoirs surnaturels, bien au-delà apparemment des capacités du modeste Ash. Une situation qui se complique singulièrement lorsqu’on retrouve le nom de l’inspecteur inscrit en lettres de sang sur les murs du lieu d’un crime, accompagné de signes cabbalistiques que Ash déchiffre sans difficulté, causant ainsi la stupéfaction de la police scientifique, incapable de déterminer de quelle langue il s’agit.
Un Rabbin spécialiste des écritures anciennes révèle alors que Jason sait lire sans l’avoir apprise l’écriture des anges, science réservée aux seuls (et peu nombreux) initiés. Tandis que l’examen au carbone 14 du médaillon abandonné par l’ange David renvoie à un objet vieux de 250 millions d’années, le criminel sévissant dans l’ombre frappe de nouveau et enlève la femme de l’enquêteur, en dépit de la surveillance d’une équipe de la police…
Ce nouveau tome de L’Armée des Anges multitplie les pistes et offre de nombreuses scènes d’action, mais laisse apparaître une certaine indigence du scénario : qu’il y ait une relation entre Ash et les anges tombe sous le sens, mais cette direction-ci n’est pas explorée dans ce tome 2, qui préfère la profusion des personnages et les flashes back à tout va. Bref, on n’est plus dans l’album, prototypal, d’installation mais de transition et il faut encore ronger son frein en attendant que soient éclairés les agissements du mystérieux “marchand de sable”.
Reste que, malgré une gamme chromatique des plus sombres, le trait fort réaliste et l’incontestable chaleur des couleurs nous invitent à passer un bon moment en compagnie de ces curieux anges damnés : du point de vue formel L’armée des anges tourne donc à cent à l’heure, soit, mais quid du fond, tout de même ?
frederic grolleau
Thomas Fenton et Jamal Igle, L’Armée des anges — Tome 2 : “Le marchand de sable”, Les Humanoïdes associés, 2005, 48 p. — 12,60 €. |