Marini, Desberg, Le Scorpion, tome 5 : La Vallée sacrée

Tant de pistes qui se recoupent pour mieux bifur­quer égarent le lecteur

On avait sou­li­gné lors de la sor­tie du tome 4 le rythme d’Enfer d’un Scor­pion qui, déci­dé­ment, ne fai­blis­sait point. Il semble pour­tant que la Cap­pa­doce ait eu rai­son du dyna­misme des auteurs qui s’embourbent un peu, une fois éloi­gnés de l’aura romaine, dans les per­son­nages et rebon­dis­se­ments d’une intrigue qui tire la patte. Il est vrai que tous les pro­ta­go­nistes de l’intrigue se croisent et recroisent à Istan­bul, sans oublier sages sou­fis et ermites chré­tiens, et que cela com­mence à faire beau­coup de monde : Le Scor­pion et Méjaï, s’ils pour­suivent leur quête de la croix de Pierre, unique preuve du men­songe et de l’imposture du car­di­nal Tre­baldi, nou­veau maître du Vati­can, sont en effet rat­tra­pés par Anséa Latal (oeu­vrant pour sa puis­sante famille ita­lienne, enne­mie invé­té­rée des Tre­baldi), et par Roch­nan et ses moines guer­riers, inféo­dés au nou­veau pape en place. Ce qui n’arrange rien aux rela­tions fort ambi­guës qui rap­prochent le beau Scor­pion et l’ensorcelante gitane.

D’abord en mau­vaise pos­ture parce que le conser­va­teur de la biblio­thèque d’Istambul (où le Scor­pion a décou­vert un manus­crit selon lequel la croix de saint Pierre ne repose pas à Rome, mais à Kara­bas, un bourg de Cap­pa­doce) a été sau­va­ge­ment assas­siné et qu’on les accuse du for­fait, le Scor­pion et Méjaï sont tor­tu­rés sous la hou­lette du com­man­dant Vaz­lar avant de par­ve­nir à s’enfuir …pour être aus­si­tôt inter­pel­lés par les ner­vis de Roch­nan, qui les somme de lui livrer la croix du futur maître du monde chré­tien liée au fabu­leux tré­sor des Tem­pliers. Tout ce petit monde se dirige donc bon gré mal gré vers les grottes de Kara­bas où le pré­cieux secret est cen­sé­ment enfoui et où la rivale du Scor­pion, Anséa a déjà démarré les fouilles…

 

Tant de pistes qui se recoupent pour mieux bifur­quer aux yeux du lec­teur égarent dans cette Val­lée sacrée qui se donne sur­tout comme tome de tran­si­tion. Sans doute les péri­pé­ties répé­tées des deux héros prin­ci­paux en font-elles un peu “trop” : ce n’est pas en ces pages qu’on en appren­dra davan­tage sur les liens entre le Scor­pion et l’infâme Tre­baldi. Le secret de la croix de Pierre s’annonce bien gardé puisque les scé­na­ristes eux-mêmes oublient de l’utiliser comme res­sort fon­da­men­tal de cette épo­pée qu’on a connu plus sti­mu­lante. Reste que le des­sin de Marini est tou­jours aussi irré­pro­chable et cha­leu­reux. Son gra­phisme des plus pré­cis et enle­vés rend le plus beau des hom­mages à cet orient bigarré où l’action béné­fi­cie tou­jours d’une magni­fique lumière : mais cela peut-il suf­fire à sau­ver La trame très ciné­ma­to­gra­phique que nous offrent les deux auteurs ?

fre­de­ric grolleau

   
 

Marini, Des­berg, Le Scor­pion, tome 5 : La Val­lée sacrée, Dar­gaud, 2004, 48 p. — 9, 80 €

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