La douce maîtresse de cet album plus épuré que jamais (après 9 autres) sait toujours trouver des accents imprévus. C’est une Tori Amos baroque ou un certain rococo en moins. Tout n’est pas parfait même si la manie des guest stars n’apporte rien à l’opus. Lana del Rey n’était pas indispensable et les passages avec orchestre à cordes non plus.
Souvent l’album pourrait dériver dans le tout-venant mais la créatrice le redresse à temps par la force et le flux de sa voix. Ce qui serait presque éthéré et ennuyeux est sauvé par cette voix exceptionnelle torchée au Jack Daniels qui va très loin dans les piques au milieu de la douceur. Celle qui fut un temps la voix de l’Amérique, par instant le reste encore pour souligner une certaine déliquescence de son pays.
L’album est très réussi. Preuve que l’artiste déçoit rarement. Elle garde le don de raconter des histoires claires opaques et engagées. Un titre comme « In your face» traduit cet engagement avec un coup de chapeau à Rihanna au moment où Cat Power s’éloigne dans sa folk des sommets des charts.
jean-paul gavard-perret
Cat Power, Wanderer, Label Domino, 2018.