Ce n’est qu’à l’âge adulte que Matthieu Gounelle a découvert ces pierres étranges nommées micrométéorites — les pierres les plus anciennes dont certaines n’ont pas changé depuis près de cinq milliards d’années. Elles permettent de remonter le temps, d’avoir accès aux différentes étapes de la formation des planètes. Empreintes de force symbolique, elles furent utilisées comme armes et bijoux et sont encore parfois considérées comme porteuses d’une charge surnaturelle.
Face à ces pierres, l’auteur propose une énigme. Le « Elles » dont il parle demeure secret. Certes, ce ne peut-être les météorites. Et l’auteur ne cherche pas toujours à trouver mieux ailleurs. Pour savoir qu’au bout du ciel il n’y aurait pas que vide, il faut revenir sur Terre : “L’empreinte cesse d’un coup / Comme le vent / Un jour innocent // La mer a brusquement envahi l’horizon / Abolissant l’antique ligne de partage /Entre elles et le ciel “. C’est là ne pas se contenter d’écrire un énième et inutile poème qui ne ferait qu’allonger la liste des milliards de poètes qui ont peuplé la Terre et qui la peuplent (provisoirement ?) encore.
Mathieu Gounelle quitte soudain ses grands infinis et se tourne vers celles qui évitent de jouer au petit malin : celui qui peint l’entrée d’un tunnel afin que celui-là s’explose contre la montagne. Au point de rencontre il n’y aura eu point de rencontre. Avec “Elles” cela change. Ecrire appartient à ce qui échappe, quand l’oral est au plus bas en sachant.
Se comprend alors que l’analphabétisme n’est jamais la solution contre la dyslexie. Pas plus que la cosmologie n’est une cosmétique face aux comètes d’ici bas, d’ici-même. D’“Elles”, “Demeurent vos pas / Effacés par le sable / Brûlés par la lumière / Creusés par la mer”. Et c’est bien comme ça.
jean-paul gavard-perret
Matthieu Gounelle, Elles, Derrière la salle de bains, Maison Dagoit, Rouen, 2018 — 5,00 €.