Un homme interrogé par un policier s’étonne que l’on puisse soupçonner Ramirez comme l’auteur d’ une série d’assassinats. Il est le meilleur réparateur d’aspirateurs. Et pourtant…
Dans les bureaux de la Robotop à Falcon City, en Arizona, un homme se plaint au téléphone de fortes odeurs de gaz et demande où est le technicien qui devait intervenir. Pendant ce temps, Jacques Ramirez réussit à réparer un AV 700 les yeux bandés. Ses collègues le félicitent. Il faut être très doué car cet appareil présente un gros défaut.
Deux trafiquants viennent de faire 800 miles pour rapporter un mixer défectueux. L’un d’eux, en voyant Ramirez, le reconnaît comme un traître. Il prévient son fils, Ramon, au service du caïd Hector Rodriguez. Celui-ci le charge de le ramener vivant car il veut sa vengeance. Ramon demande à son père de ne pas le perdre de vue, de ne pas prendre d’initiatives malencontreuses car Ramirez est très dangereux, il arrive. Ses tâches finies, le réparateur rejoint sa voiture, dérange une jeune femme qui était appuyée contre elle et rentre chez lui. Rien ne laisse supposer, dans son attitude, dans ses actions qu’il est le si dangereux mafieux dont tous redoutent l’impitoyable capacité de réaction.
À Robotop, tout le monde prépare la présentation du nouveau modèle révolutionnaire de la firme, présentation faite le lendemain par le P.D-G lui-même en présence des médias.
Un individu d’apparence insignifiante peut-il être le pire assassin ? C’est une des questions qui se posent à la lecture de ce premier acte du drame concocté par Nicolas Petrimaux. C’est la première incursion de l’auteur dans l’univers de la bande dessinée. Mais, après lecture de cet album il faut souhaiter qu’il s’y installe. En effet, ce créateur complet propose un hommage réjouissant aux thrillers d’action des années 1980 où il se passait toujours quelque chose, où chaque page se concluait par un coup de théâtre, un rebondissement de qualité.
Nicolas Petrimaux raconte une chasse à l’homme au cœur de l’Arizona, cet Etat qui a une frontière commune de l’ordre de 3 200 kilomètres avec le Mexique et son univers de trafiquants de drogue, d’assassins de tous poils. C’est dire si la perméabilité de la frontière est grande et si les bandes peuvent intervenir comme bon leur semble. Et elles ne s’en privent pas !
Avec ces deux canailles qui font huit cents miles pour échanger un mixer, l’auteur donne le niveau intellectuel de ces trafiquants, croquant une bande dont le QI des participants se mesure avec un seul chiffre. Ils ne savent réagir que par l’action, à l’instinct, sans réflexion, sans recul, sans stratégie… sauf celle de tirer le premier. Jacques Ramirez est muet, ainsi l’a voulu le scénariste, celui-ci estimant que trop de bavards hantent les albums. Mais, par ce biais, il interpelle sur le jugement que l’on peut porter sur les autres et sur les intentions qu’on leur prête sans savoir ce qu’ils pensent. Et Jacques Ramirez reste, pour l’instant, une énigme.
L’intrigue s’articule autour de deux histoires parallèles ; celle de Ramirez et la cavale de deux jeunes femmes qui sèment la terreur pour obtenir de qu’elles veulent, mais qui fuient quelque chose qui reste à découvrir. La présentation graphique est dynamique avec des vignettes de différents formats, se chevauchant pour mieux coller à l’action. Si l’auteur éparpille ses bulles, il a la bonne idée de les relier offrant ainsi une lecture confort quand certaines planches paraissent explosées.
Le récit de ce premier des trois tomes prévus est découpé en trois parties, chacune séparée par quelques pages de publicité relatives à divers objets et aux productions de la firme. On pourrait penser que l’auteur a une dent contre les appareils ménagers. Que ce soient les mixers, les aspirateurs, il les présente fragiles, difficiles à utiliser, régulièrement en panne.
Ce premier tome est une heureuse découverte, un récit riche en rebondissements de toutes natures, où combats, fusillades, explosions sont à la fête autour d’un héros qui reste, pour l’heure, impavide mais captivant.
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serge perraud
Nicolas Petrimaux (scénario, dessin, couleurs), Il faut flinguer Ramirez : Acte 1, Glénat, coll “Hors Collection”, mai 2018, 144 p. – 19,95 €.