LA COLLANA
Milo Manara, l’eros oltre l’eros
Impegno e sfida alle convenzioni
In edicola con il «Corriere della Sera» la seconda uscita della serie dedicata al disegnatore. Nella sua arte, tra storia e avventura, il sesso non è mai fine sé stesso — Trenta opere per raccontare l’universo dell’artista
di FABIO LICARI
10 maggio 2018
«L’erotismo è l’unico tema che ancora abbia in sé un forte potere di trasgressione e di eversione. Non m’interessa tanto il rapporto tra un uomo e una donna, ma il valore sociale dell’erotismo, le convenzioni, il comune senso del pudore. Diciamo che m’interessa fare sociologia con il sesso», diceva Milo Manara quasi quarant’anni fa al critico Gianni Brunoro. Artista già immenso — che s’era meritato l’amicizia di Federico Fellini e di Hugo Pratt, e non per l’abilità nel raffigurare le grazie femminili — Manara definiva così, implicitamente, il manifesto ideologico di una vita. Strappandosi subito di dosso quell’etichetta, per niente infamante, semplicemente sbagliata, di «maestro dell’eros» e basta.
Una tavola tratta dal volume «Tutto ricominciò con un’estate indiana» di Milo Manara, in edicola dall’11 maggio con il «Corriere»
E che questa — politica e impegnata — sarebbe stata la strada di Manara si poteva già intuire dai primi lavori, narrativamente già potentissimi. Nessuno dei giovani lettori del «Corriere dei Ragazzi», settimanale a fumetti del «Corriere della Sera» negli anni Settanta, ha dimenticato l’Elena di Troia, su testi di Mino Milani, per la serie La parola alla giuria. I grandi personaggi erano interrogati da una sorta di tribunale dell’umanità, quindi esposti al giudizio dei lettori che, scrivendo alla redazione, li giudicavano colpevoli o innocenti.
Era bellissima la sua Elena, lasciava intendere perché fosse scoppiata per lei una guerra tra due popoli: ma nelle parole, nelle motivazioni e nei gesti era molto più di un oggetto del desiderio.
Impegnato, ai limiti dell’incoscienza, è stato Fascio di bombe, precursore del graphic journalism contemporaneo, commissionato nel ’75 dal quotidiano del Psi, «L’Avanti». Inchiesta coraggiosa su uno dei periodi più bui della Repubblica: le stragi di Stato, Piazza Fontana, Calabresi e Pinelli, la pista anarchica e quella fascista. Assieme agli sceneggiatori Alfredo Castelli e Mario Gomboli, Manara faceva nomi e cognomi, e accusava alla Pasolini, non avendo prove ma sensazioni inequivocabili. «Nessuno ci ha mai denunciato», dice adesso, avendo di fatto anticipato di decenni le conclusioni storiche e giudiziarie rallentate dai muri di gomma.
Soltanto «maestro dell’eros»? No, questa è una gabbia che disconosce la cifra simbolica delle opere manariane: i viaggi nelle epoche dei Borgia o di Caravaggio, le riletture aggiornate di classici quali Shakespeare, Swift e il Kamasutra, la revisione delle verità dei vincitori (come nella Frontiera americana). Uno stereotipo che trascura le radici di Manara, sessantottino piuttosto pentito, allora membro di un collettivo maoista che nell’arte cercava una soluzione, e nella «democrazia popolare» dell’arte fumettistica ha trovato una ragione di vita.
Oggi Manara si dice iscritto a un solo partito, quello che non darà mai più un voto a un partito, ma non è apolitico: è un progressista di una sinistra solidale, come ha spiegato nel suo sfogo durante l’incontro con i lettori avvenuto al «Corriere» il 4 maggio, nella Sala Buzzati, parlando di disuguaglianze e ingiustizie sociali, il tono di voce d’improvviso più alto, gli occhi bassi quasi a scusarsi per non aver potuto fare di più con le sue opere.[…]
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traduction :
Milo Manara, l’eros au-delà de l’eros
Un engagement et un défi aux conventions
En kiosque avec le “Courrier du Soir” la seconde sortie de la série dédiée au dessinateur
Dans son art, le sexe, entre histoire et aventure, n’est jamais une fin en soi — Trente oeuvres pour raconter l’univers de l’artiste
par FABIO LICARI
le 10 mai 2018
image : Une planche tirée du volume “Tout recommença avec un été “indien” ” de Milo Manara, en kiosque depuis le 11 mai avec le “Courrier”
“L’érotisme est le seul thème qui a encore en soi un fort pouvoir de transgression et de ruine. Le rapport entre un homme et une femme m’intéresse beaucoup moins que la valeur sociale de l’érotisme, les conventions, le sens commun de la pudeur. Disons qu’il m’intéresse faire de la sociologie avec le sexe”, disait Milo Manara il y a presque quarante ans au critique Gianni Brunoro. Artiste déjà immense — et qui avait gagné l’amitié de Frédéric Fellini et de Hugo Pratt, et non pas pour sa seule adresse à représenter les grâces féminines — Manara définissait ainsi, implicitement, le manifeste idéologique d’une vie. Arrachant tout de suite le dos cette étiquette, en rien infamante, mais simplement incorrecte, de “maître” de l’eros car cela suffisait.
Et que cette voie — politique et engagée — ait été celle de Manara, on pouvait le deviner dès ses premiers travaux, déjà fort puissants du point de vue narratif. Aucun des jeunes lecteurs jeunes “Courrier des jeunes gens”, hebdomadaire de bandes dessinées du “Courrier du Soir” dans les ans soixante-dix, n’a pu oublier l’Hélène de Troie,avec des textes de Mino Milani, pour la série “La parole au jury”. Les grands personnages [de l’Histoire] étaient interrogés par une sorte de tribunal de l’humanité, donc exposés au jugement des lecteurs qui, en écrivant à la rédaction, les jugeaient coupables ou innocents. Elle était très belle son Hélène, laissait-il entendre, au point qu’une guerre avait éclaté entre deux peuples pour elle seule : mais dans les mots, dans les motivations et dans les gestes il y avait beaucoup plus qu’objet du désir.
Engagé, aux limites de l’inconscience, Manara, commandité en 75 par le quotidien du PSI [le Parti socialiste italien — Partito Socialista Italiano,ndt], “L’Avanti”, a été un Faisceau de bombes, précurseur du journalisme graphique contemporain.
Une enquête courageuse lors d’une des plus sombres périodes de la République : les massacres d’État, la Place Fontaine [L’attentat de la Piazza Fontana est un attentat à la bombe, attribué à l’extrême-droite italienne, qui s’est produit sur la Piazza Fontana à Milan le 12 décembre 1969 faisant 16 morts et 88 blessés, ndt], Calabresi [le commissaire principal chargé de diriger les services de police pour le maintien de l’ordre public pendant les affrontements des manifestations milanaises en 1968, ndt] et [l’anarcho-syndicaliste, ndt ] Pinelli, la piste anarchique et celle fasciste.Avec les scénaristes Alfredo Castelli et Mario Gomboli, Manara faisait les noms et les prénoms, et il accusait à la Pasolini en n’ayant pas de preuves mais une claire intuition, “Personne ne nous a jamais dénoncés”, disait-il encore, en ayant de fait anticipé de plusieurs décennies les conclusions historiques et judiciaires ralenties par des murs de gomme.
Seulement le “maître” de l’eros ? Non, cette appellation est réductrice en ce qu’elle méconnaît le chiffre symbolique des oeuvres manariennes : les voyages dans les époques des Borgia ou du Caravagge, les relectures actualisées de classiques tels que Shakespeare, Swift et le Kamasutra, la révision des vérités des vainqueurs (comme avec la Frontière américaine). Un stéréotype qui néglige les racines de Manara, soixante-huitard plutôt repenti, alors membre d’un maoïste collectif qui cherchait dans l’art une solution et qui a trouvé une raison de vie dans la “démocratie populaire” de l’art de la bande dessinée.
Aujourd’hui Manara se déclare inscrit à un seul parti, celui qui consiste à ne plus jamais donner un vote à un parti, mais il n’est pas apolitique : c’est un progressiste d’une gauche solidaire, comme il l’a expliqué avec soulagement pendant la rencontre organisée avec les lecteur du “Courrier” le 4 mai, dans la Salle Buzzati, en parlant d’inégalités et injustices sociales le ton de voix de soudain plus haut, les yeux presque bas à s’excuser pour ne pas avoir pu faire plus avec ses oeuvres. […]
frederic grolleau
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