Silhouettes reste l’ouvrage le plus intime du poète irlandais. Il y saisit, comme le titre l’indique, des fantômes humains et animaux au sein des moments chauds de l’été. Le livre commence avec des hommes qui tressent une corde selon des gestes, efficaces. La corde terminée, ils en font une nouvelle. C’est là une des images de notre destinée de Sisyphe qu’il faut imaginer plus ou moins heureux.
Suivent des impressions plus fugaces d’êtres humains, de choses, de menues informations qui traversent les pages : une lampe dans un couloir, une femme immobile dans un jardin, l’annonce d’un fait-divers lointain, un couple sur l’eau ou encore « Fleur / qui s’ouvre à moi : dans le noir / quand les fleurs ne s’ouvrent pas ». Restent des suites d’apparitions plus ou moins solides ou stables.
L’irréel ou le réel se décomposent et se recomposent dans la mémoire à travers des enchaînements qui n’en sont pas forcément. Une géographies des espaces intérieurs et extérieurs se dresse là où tout ne fait que passer dans l’éclatement des formes classiques. Lequel rapproche Squires de la poésie américaine des années 80 là où les textes ressemblent à des « ghost notes ».
jean-paul gavard-perret
Geoffrey Squires, Silhouettes, traduction de François Heusbourg, Dessins de Jean-Pierre Schneider, Editions Unes, Nice, 2018, 38 p. — 15,00 €.