Vertiges de l’amour (ou presque)
Rien n’arrête l’iconoclaste inclassable que demeure Anne Van Der Linden. Faisant feu de tous interdits, elle ne peut laisser les visiteurs de bois. Sexualité, religion, féminisme, politique : tout est revisité selon un anarchisme visuel juste contrôlé pour bien placer la balle dans le mille.
Gardienne du temple du subversif, la peintre permet un show animalier sexualisé propre à inventer bien des fulminations jubilatoires et divers types de transgression.Jaillit la tractation de monstres en folies. Ils prouvent que tout est possible lorsqu’il s’agit de mettre à mal les interdits.
L’artiste s’en donne à corps joie entre le cru et le cuit. Existe une traversée des tabous et de tout ce qui demeure habituellement caché. La condition féminine s’en trouve décuplée par des poussées où tout peut arriver. Il ne reste plus grand-chose de caché – même et surtout des fantasmes. Les limites et barrages qui enferment au sein de myriades incessantes et d’intensités sont fracassés par des flux, des écarts, l’éparpillement des membres là où leurs corps ne se refusent plus aux mille bouches qui les mangent.
Tout refuse à prendre refuge : il s’agit de secouer les images admises afin de maintenir l’insomnie et le sang aux tempes, entre défaillance et vertige. Subsiste l’envahissement de ce que la pensée habituellement censure.
jean-paul gavard-perret
Anne van der Linden, Zoo, Galerie Corinne Bonnet, Paris, Exposition du 30 mars au 28 avril 2018.