Il existe, au sein de l’art du portrait photographique, diverses logiques capables de donner à voir une vérité qui n’est pas d’apparence mais d’incorporation. C’est ce que Denis Darzacq explore dans sa grande fresque esthétique au sein de visions imprévisibles et de divers systèmes de “doubleMix in situ” où céramiques (celles d’Anna Iris Lünemann) et photographies qui forment des hymens intrigants et énigmatiques.
A côté de ces montages sont présentées des photographies de « la Chute » où une jeunesse populaire cherche son équilibre en milieu urbain, dans les rayonnages des supermarchés. Sont présentes aussi des personnes handicapées avec Act. Et dans Act 2 des danseurs de l’Opéra de Paris s’inspirant des photographies de Act.
Le corps est ainsi plus dans qu’à l’image. Le corps devient un miroir diffracté qui transforme le réel et l’identité elle-même. L’œuvre souligne des fausses évidences là où le portrait échappe à l’objet de la photographie tout en sachant dialectiser ce monde qui n’est plus vraiment lui-même et semble plonger vers l’opacité révélée d’un règne énigmatique. Chaque œuvre ne cherche pas à satisfaire le regard par des images accomplies, arrêtées mais par le gonflement progressif d’univers photographiques aux techniques composites.
C’est aussi le monde non de l’hypnose mais de la gestation et de la présence comme si, au sein de ces mondes plastiques, s’appuyant sur l’éclat des couleurs dans l’empreinte d’une multitude fractionnée, le corps était en quête de lui-même et d’un “qui je suis” qui viendrait torde le cou au “si je suis”.
jean-paul gavard-perret
Denis Darzacq, Le bel aujourd’hui, exposition du 3 février au 30 avril 2018, Orangerie des Musées de Sens.