Minimalistes, les peintures de Julie Safirstein se parent de bien des mystères. La technique n’y est pas pour rien. Il s’agit d’un travail de découpages, de structures et de couleurs. L’auteur utilise le plus souvent le papier pour créer un monde où les formes possèdent une force simple et forte : celle d’un ouvert à tout.
La virtuosité n’y est qu’apparence ou plutôt en trompe-l’œil. Le contraste des effets de surface révèle l’unité profonde sous le manteau d’arlequin.
Le travail auquel se plie l’artiste et par lequel elle plie le papier est moins au service d’un style que d’un langage sans artifice formel. Les tentatives successives ou simultanées dans l’ordre des techniques et des jeux ne sont jamais décalques ou parodies. Dans la légèreté tout est profondeur. La création est ici plus qu’ailleurs source et conduite.
L’œuvre, parce qu’elle est forte, ne craint donc pas ce qui habituellement est considéré comme inconciliable. Il existe là une authenticité particulière et une possibilité de poésie. Les plages de l’œuvre créent des vallons, des orifices pour articuler l’art selon des constellations qui bougent.
Rien de rigide, tout circule vers l’indicible entre les lèvres du papier creusé de lignes et d’ondes.
jean-paul gavard-perret
Julie Safirstein, Lux, O F R., 20 rue Dupetit-Thouars 75003 Paris du 5 au 30 octobre 2017.