Esther Haase chorégraphie ses femmes de manière glamoureuse et drôle. Ce sont des femmes de tête mais dont le corps ne doit surtout pas être négligé. Comment le pouvoir d’ailleurs ? La Vierge Marie, les anges et tous les Saints ne peuvent que prier en vain pour le voyeur qui s’en met plein les mirettes au sein d’univers baroques où toute pénitence semble superflue.
Les couleurs sont violentes, le noir et blanc intense : les deux types de clichés excluent toute repentance.
Esther Haase crée de faux miroirs si profonds qu’il ne reste, semble-t-il qu’à y plonger. Mais il suffit de souffler dessus pour que la buée qui s’y dépose se teigne de charbon pour les yeux. Il donne aux modèles des aspects ailés ou drôles. Aucune femme n’est « plate comme un trottoir de rue » (Flaubert). Si bien que ces visions, dès que nous les contemplons, rappellent une parole biblique :« Nous croyons à l’amour que Dieu a pour nous.»(I Jn 4, 16) . Mais ce n’est là qu’un leurre, nous y battons le briquet sans la moindre étincelle.
Mais qu’importe : la femme n’est plus elle-même,elle se transforme en appel. Pour que l’office soit fait . Sans « ite missa est » à la fin.
jean-paul gavard-perret
Esther Haase, Esther’s World, Edition Badine Bart, Hatje Cantz, Berlin, 2017, 160 p. — 50,00 €.