L’histoire d’un désir de l’ordre du collectif
Les œuvres de Mylène Besson sont un chant d’amour. L’artiste rameute des spectres : elle les accouche. Chaque dessin devient le moment de l’opération pour atteindre la complétude qui porte au-delà de la souffrance. Surgissent le silence de l’âme ou son cri. L’artiste crée ce qu’elle veut retrouver : l’histoire d’un désir de l’ordre du collectif.
C’est un appel à la vie. Le corps est là pour exprimer un flux. Il fait trembler les sphères d’en bas, la terre d’en haut. En conséquence, l’artiste oblige à chercher où est le corps, le « vrai », où sont sa sensibilité, son être. Elle figure comment il peut vraiment exister . Ce n’est plus une idée mais une caresse. Le dessin devient une activité qui montre ce dont le corps est plein.
L’artiste cherche à envoûter la pensée ou la perdre jusque dans les grandes eaux du « firmaman » où les femmes se baignent en dédoublant au besoin la valeur des images « saintes » L’artiste secoue l’épaisseur et l’opacité venues de la libido comme du mysticisme. Mais plutôt que d’enfermer le monde, Mylène Besson fait surgir l’attraction du désir et son resserrement : rien n’en sera montré en dehors de ses bourgeons.
L’infini divin soudain fait le tapin. Et à ceux qui diraient que l’œuvre ne vaut pas ce que des peintres ont collé aux voûtes de cathédrales on répondra que Mylène Besson va plus loin que les plafonds qu’ils ont peints. Créant ses œuvres comme si elle voyait pour la première fois les corps qu’elles dessinent, elle ne se trompe pas. Les femmes captives jusque là fascinent en se montrant telles qu’elles sont dans le cycle du lumière.
jean-paul gavard-perret
Mylène Besson, Passionnément vôtre, La Côte Saint André, salle Jonkind, 17 aout — 3 septembre 2017.