Guy Bourdin : femmes entre elles
Chloé dévoile un nouvel espace culturel consacré aux expressions des féminités afin de mettre en exergue 65 ans de créations et d’histoires, de la fondatrice de la maison, Gaby Aghion, aux filles Chloé d’aujourd’hui. Ces expressions ont pour but de donner aux femmes la liberté d’oser être elles-mêmes.
Sans exclusive ou parti pris féministe à tout crin, le lieu s’ouvre avec Guy Bourdin qui plus qu’un autre a mis sur le devant de la scène les créations Chloé. Et Judith Clark — commissaire de l’exposition — propose les images controversées d’un des photographes majeurs de mode dont beaucoup de clichés inédits.
La robe Chloé se faufile ainsi dans l’histoire de l’art selon des associations-distanciations où se retrouvent d’autres créateurs invités (Stella Mac Cartney, Lagerfeld). Mais la puissance de Guy Bourdin rayonne en capitalisant et intensifiant les créations où les femmes deviennent un long fleuve Amour. Le photographe sait oser dans des narrations vives, sexy, intelligentes. Le temps lui-même trouve une dimension plastique par des points d’agrandissements que le photographe comme les créatrices de mode cultivent.
Dans ce dialogue jouent la dualité et la fusion. De l’une à l’autre se crée un passage d’énergie. Rien ne nonchalant mais une forme d’équilibre souple dont les qualités d’exécution et de finition sont essentielles. La maîtrise technique est capitale. Seul compte au carrefour de deux potentialités un point d’équilibre.
Il reste une affaire de vertige dans une double confrontation de deux « masques » très particuliers car chargés autant d’émotion que de sens. Ils ne cache pas le réel mais ce que le réel oblitère. L’évidence de l’image qui manque à nos jours se construit en parallèle par la solidarité mystérieuse entre lBourdin, ses créatures et celles qui les habillent.
jean-paul gavard-perret
Guy Bourdin, Feminities, Maison Chloé. 28, rue de la Baume. Paris 8e, du 4 juillet au 6 septembre 2017.