Emmanuelle Pidoux sait que la nudité éloigne en rendant insaisissable ce qu’elle jette au regard. Au lieu de s’y enfermer et pour la suggérer, elle lui trouve corps dans l’ailleurs. Pas très loin néanmoins. Car l’ailleurs reste dans ses œuvres un ici même. Presque à bout portant. A bout touchant. Tout est la fois tangible et retenu à travers un art parfois minimal, parfois baroque. Mais l’hyper-femme est retenue dans sa buée, dans le grisé et la volonté de décadrer le repérage. C’est parfois l’envol d’une sonate ou son cascando.
Même ce qui est au sol semble plus léger que l’air. L’apesanteur est extrême. Il ne faut toucher à rien. L’éparpillement est presque fantomal. Reste une suite de moment intacts et intouchables. Peu à peu le regard ose — lentement — se faufiler. Quelques notes s’égrènent encore, visitant l’espace.
Pour Emmanuelle Pidoux, dessiner cesse d’être un plan pour devenir une entrée dans un monde dont la profondeur tient au trait là où tout égare. Il allège, dans les aventures de la forme, une corporelle matérialité graphitée.
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jean-paul gavard-perret
Emmanuelle Pidoux, Coffret, Litterature mineure, Rouen, 2017 — 25,00 € .