Un chant propitiatoire, au cours duquel se met en place un décor naïf : une scène sur la scène, à partir d’éléments peints de façon très colorée. Elle est investie par des préados qui donnent du drame de Narcisse une représentation gentille. Le théâtre de patronage est singé avec justesse. C’est ensuite une séance de travail militant à l’atelier théâtre d’un lycée confessionnel.
Ainsi, les saynètes issues des Métamorphoses d’Ovide sont présentées dans un cadre contemporain, de façon à les dynamiser et à mettre en exergue leur pouvoir subversif. Les registres sont variés, successivement graves et ironiques, comiques et dramatiques. Sont conjointes des tranches de vie, des réflexions insidieuses, des incises baroques. On assiste à une joyeuse fresque, d’une générosité qui, sous des aspects foutraques, s’avère finalement maîtrisée.
Toutes les métamorphoses préludent aux sortilèges du Songe d’une nuit d’été qui constitue la deuxième partie du spectacle. Une expression polyphonique, qui donne ses droits à l’opéra, à la comédie, aux effets sonores et visuels, comme aux mises en abyme. Le prisme du propos est le travail de l’art dramatique, qui sert à explorer la distance à soi des comédiens. Il s’agit de célébrer la ténuité, la magie de la théâtralité, sous ses formes les plus nobles comme les plus désuètes. C’est finalement une réflexion sur le théâtre que construit Guillaume Vincent.
Le ton est si juste qu’on se prend à rêver d’une liberté encore plus grande. Un art de la fragilité, une saine obscénité, qui met en exergue la conflictualité de tous nos rapports interpersonnels. Une représentation qui sait conquérir par sa générosité, son entrain, sa variété, la qualité de son jeu. Certes, il pourra lasser par sa longueur, mais il se déploie sans céder à la facilité, en offrant une extraordinaire palette aux comédiens, exigeant d’eux de cultiver une permanente ambigüité.
christophe giolito
Les Métamorphoses, de Guillaume Vincent, librement inspiré d’Ovide
Le Songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare, traduit par Jean-Michel Déprats
une création de Guillaume Vincent
photo © Élizabeth Carecchio
avec Elsa Agnès, Paul-Marie Barbier, Candice Bouchet, Lucie Ben Bâta, Emilie Incerti Formentini, Elsa Guedj, Florence Janas, Hector Manuel, Estelle Meyer, Alexandre Michel, Philippe Orivel, Makita Samba, Kyoko Takenaka, Charles Van de Vyver, Gérard Watkins, Charles-Henri Wolff
et la participation de David Jourdain, Pierre-François Pommier, Muriel Valat
et en alternance les enfants : Baptiste François, Bastien Faba Vonki-Teulé, Capucine Gilson, Mathilde Vaux, Darius Van Gils, Gaspard Martin Laprade, Mia Luppens–Sfez, Kadiatou Barry, Anton Froehly, Georges Barse, Pola Chéron-Bonnet, Hora Fourlon-Kouayep.
Dramaturgie Marion Stoufflet ; scénographie François Gauthier-Lafaye ; collaboration à la scénographie James Brandily et Pierre-Guilhem Coste ; lumière Niko Joubert ; collaboration à la lumière César Godefroy ; composition musicale Olivier Pasquet et Philippe Orivel ; son Géraldine Foucault ; collaboration au son Florent Dalmas ; costumes Lucie Durand ; collaboration aux costumes Elisabeth Cerqueira et Gwenn Tillenon ; collaboration mouvement Stéfany Ganachaud ; assistant à la mise en scène et répétiteur enfants Pierre-François Pommier ; régie générale et vidéo Edouard Trichet Lespagnol ; régie plateau Muriel Valat et David Jourdain ; régie micros Rose Bruneau ; perruques et maquillages Justine Denis et Myrtil Brimeur ; marionnette Bérangère Vantusso ; moulage Anne Leray ; photo décor Flavie Trichet Lespagnol ; coach vocal Marlene Schaff ; communication/diffusion Ninon Leclère et Marion Pons ; production Laure Duqué et Simon Gelin ; stagiaires Emma Depoid, Héloïse Fressoz, Boris Le Menelec, Alexandra Pradier et l’équipe technique de l’Odéon-Théâtre de l’Europe.
Au Théâtre de l’Odéon –Ateliers Berthier Paris 75017
Du 21 avril au 20 mai 2017 Boulevard Berthier
Du mardi au samedi à 19h30, le dimanche à 15h,
relâche exceptionnelle le dimanche 23 avril.
http://www.theatre-odeon.eu/fr/spectacles/songes-et-metamorphoses
Du 23 au 25 juin 2017 au théâtre Jean-Claude Carrière à Montpellier.
production Compagnie MidiMinuit
coproduction La Comédie de Reims – CDN, Odéon-Théâtre de l’Europe, Ircam-Centre Pompidou, CDN Besançon Franche-Comté, Le Lieu unique – scène nationale de Nantes, Printemps des Comédiens – Montpellier, Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre, Scène nationale d’Albi, Théâtre de Caen, Comédie de Caen – CDN, Le Tandem – Scène nationale, Le Cratère, scène nationale d’Alès, Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines
avec le soutien de La Colline-théâtre national, l’Arcadi Ile-de-France, la Ménagerie de verre, la Maison d’arrêt de Fresnes, la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon.
Le décor est réalisé par les ateliers du Théâtre du Nord-CDN Lille Tourcoing, les ateliers de L’Odéon et les ateliers du CDN de Caen. Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National, avec le soutien de La Maison Louis Jouvet / ENSAD LR et la participation du TNB
La Cie MidiMinuit est soutenue par la DRAC Ile-de-France-Ministère de la Culture et de la communication
Créé le 7 octobre 2016 à La Comédie de Reims – CDN
musiques de Benjamin Britten, Felix Mendelssohn, Henry Purcell
Commande musicale : Ircam-Centre Pompidou
Parties électroniques de l’œuvre réalisées dans les studios de l’Ircam-Centre Pompidou.
Le texte Hôtel Métamorphoses a reçu le soutien du fond SACD théâtre