Dominique Lardet ouvre le lecteur à un “pays” souvent ignoré : le Forez où — comme elle le rappelle - “se déroulent les innombrables histoires de l’Astrée”. Pour les amateurs d’Honoré d’Urfé, le livre charpente la fiction dans le réel, mais en contre écho l’imaginaire est reflété dans le Lignon qui serpente au sein de cette plaine.
L’auteure propose un jeu de miroirs. Surgit une géométrie de l’espace qui exclut la simple mesure pour embrasser un cadre où se joue une “passion” du réel. Grâce à d’Urfé, il trouva là une permanence dont Dominique Lardet fait moucheronner bien des mouvements à travers L’Astrée et ses commentateurs dont Roger de Cormand, Elie Charles Flamand, Mario Proth.
L’auteure multiplie les chemins entre le réel et la fiction au sein du vertige des possibles. Existe tout un monde là où se déroule la fiction romanesque. Le livre se déroule sur un mode alternatif. La fiction devient l’illusion du réel mais l’inverse est vrai aussi.
Le Forez reste l’image écrite par les résurgences que propose une créatrice qui ne cherche en rien l’effet. Elle se revendique au service du paysage et du roman premier. Surgit en conséquence une double musique : celle d’un roman mythique et charnel dont est proposé une nouvelle lecture et celle tout aussi incarnée et merveilleuse du Forez qui n’est pas seulement sa diégèse mais le nid. Le tout pour une double invitation au voyage dont la promesse duale est tenue.
jean-paul gavard-perret
Dominique Lardet, Voyages Romanesques au pays d’Astrée et de Céladon, Jean-Pierre Huguet Editeur, 2017, 368 p. — 21,00 €.
Merci pour cet article. Juste une petite rectification: Roger de Cormand n’apparaît nulle part dans ce livre, contrairement à Émile Montégut et Michel Chaillou.
… et Roger de Quirielle… entre autres.