Michèle Katz n’est pas vengeresse vis-à-vis du genre humain. Non seulement elle lui trouve des excuses mais elle lui accorde sa compassion. Elle met en scène ce qui le broie ou le chosifie selon une démarche au second degré : appelons cela la (vraie) poésie. A chaque étape, l’artiste approfondit son langage : des invariants y demeurent, néanmoins l’artiste se libère des règles.
Elle ose par exemple des pans laissés partiellement vierges comme s’il s’agissait de créer dans l’urgence. Ses personnages deviennent de plus en plus massifs en un rapprochement vers un art primitif et profond. Se retrouve l’essence d’une obscurité physique ou affective. Parallèlement, la peintre se dirige vers une allégorie trouble héritée de Picasso et Masson (pour le mouvement) et de Jörg Immensorf (pour la noirceur) de l’autre.
Dans cette approche, la créatrice ne se débarrasse jamais des références à la réalité. La peinture reste le symbole de la réification ou des écrasements du corps et de l’hypocrisie des maîtres du jeu. Michèle Katz le « dit » par la force du trait, la violence des couleurs et le fort contenu problématique de chaque œuvre. Mais cette force résonne aussi comme un réveil. L’emprise est donc duale. La passion qui l’anime aussi. D’un côté, c’est un crachat face à un certain ordre, de l’autre, demeure un désir rédempteur.
A ce titre, cette œuvre est quasiment sociale : mi-allégorique, mi réelle son propos est une réponse aux questions posées à la peinture comme aux peintres dans leur rapport au monde. Pour autant, Michèle Katz ne réduit pas l’art à une visée morale et ne cherche pas à réhabiliter la peinture « de genre ». L’artiste ne cesse d’avancer. Ne sacrifiant jamais au plaisir du style ou du beau, l’œuvre n’est jamais loin des charniers des génocides comme du récit biblique du Déluge. N’est-ce pas lui que le titre de l’exposition de Gentilly évoque ?
jean-paul gavard-perret
Michèle Katz, Devant la montée des eaux… , Biennale de Gentilly 2017, du 21 au 30 avril 2017.
Et en permanence 2016 Musée LAAC de Dunkerque 65 dessins ; « Chronique d’une femme mariée ».