Mémoires vives, mémoires mortes
Une fois de plus, Marion Tivital apprend à forcer le réel : elle en modifie les manifestations visibles et en transforme leur perception. Trouvant toujours des lieux improbables, l’artiste leur donne une force d’aura. Des structures hybrides, composites ou minimalistes traversent l’espace en créant des phosphorescences mystérieuses.
Sur les ruines du réel se redessine une architecture admirable nourrie de la clarté. Des perspectives inédites jaillissent là où l’enthousiasme implicite jouxte une sorte de catastrophisme en un jeu de proximité et de distance plus complexe qu’il n’y paraît. Existe toujours un effet de limbes qui enveloppe le paysage et modifie sa vision.
La déliquescence crée de nouvelles assomptions à la fois hors et dans le monde. La géolocalisation devient impossible en ce qui tient autant de l’érection que la perte de repères. Ignorant tout narcissisme, Marion Tivital crée d’autres développements aux paysages par l’environnement sensoriel le plus poétique qui soit. Il joue sur les formes et les couleurs, là où tout semble expérimental.
jean-paul gavard-perret
Marion Tivital, Mémoires suspendues (exposition collective), Galerie Guido Romero Pierini, 10 et 39 rue notre dame de Lorette 75009 Paris, du 9 au 31 mars 2017.