L’écroulement de l’armée française en mai-juin 1940 a constitué un tel traumatisme qu’il occulte la renaissance que cette même armée a connue. Au centre de cette reconstitution, on trouve plusieurs généraux, certains bien connus, d’autres beaucoup moins, mais qui tous apportèrent leur pierre à l’édifice du retour de la France sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale.
C’est le grand mérite du livre signé par François de Lannoy et Max Schiavon que de remettre en pleine lumière ces hommes que la légende gaulliste a contribué à quelque peu escamoter. Pourtant, ils jouèrent un rôle capital dans l’œuvre de redressement.
Car l’autre mérite de l’ouvrage est de montrer le poids capital que l’armée d’Afrique et ses chefs ont exercé à cet égard, dans des conditions bien plus difficiles que les FFL puisque soumis à la surveillance pointilleuse de l’ennemi et aux conditions de l’armistice. Ces hommes auraient certes atteint les plus hauts grades et les plus éminentes fonctions mais il est vrai que la guerre a accéléré la carrière de certains d’entre eux et démontré leurs valeurs.
Sur bien des points (origines familiales, études, diplômes, expériences), ces généraux de la victoire ont connu des parcours très proches. Mais on s’aperçoit vite que les déchirements induits par la défaite, l’armistice, la rébellion de De Gaulle et les ambiguïtés de Vichy ont aussi beaucoup pesé dans l’homogénéité de ce corps, ce qui n’a pas empêché le maréchal Juin d’honorer le général Weygand, bien loin de la rancune gaulliste.
Cette étude richement illustrée lève le voile sur des destins passionnants et méconnus.
frederic le moal
François de Lannoy & Max Schiavon, Les généraux français de la victoire, 1942–1945, ETAI, décembre 2016, 191 p. — 45,00 €.